Les loufoqueries de Claude Sérillon
Décalé. La célébrité est un boulet souvent lourd. C’est sans doute son passé de présentateur du JT qui a empêché la critique de juger à leur juste valeur les deux derniers livres de Claude Sérillon, des réussites à l’ambition apparemment modeste et au ton décalé. Claude Sérillon est un écrivain à l’ancienne, un brin farceur, de l’école de Raymond Queneau ou de l’exquis PaulJean Toulet, qui s’amusait à éreinter dans la presse les spectacles qu’il avait lui-même créés. Pour être sûr de rester dans l’ombre, il a choisi deux genres littéraires qui ne deviendront jamais pourvoyeurs de best-sellers : la nouvelle et la poésie. Zéro chance.
Le recueil de nouvelles « La conversation » commence un samedi par une rencontre rue des Martyrs, à Paris. Improbable, le couple vaticine sur ses jours préférés. « La vie est une semaine, dit l’un. Vous êtes la femme de ma semaine. » Tel est le ton. Il y a dans ces c ourts t e xt e s un part i pri s l oufoque qui est à s o n c o mb l e dans « Le papillon se moque éperdument des promesses faites par la chenille ». Dans le second livre, « Vers à moi », il se place avec le même état d’esprit dans la filiation des poètes de rue. Ses rimes coulent comme des chansons, célébrant tour à tour « La goutte d’eau », « Les petits bruits », « Pas grandchose »
« La conversation » et « Vers à moi », de Claude Sérillon (Cent Mille Milliards, 192 p. et 186 p., 15 € et 16 €).