L’honneur perdu des Insoumis
Elles pleuvent, elles dégoulinent : impossible d’y échapper. A longueur de journée, il nous faut recevoir les leçons de morale des autoproclamés Insoumis. Etrange, au passage, de s’arroger ainsi le monopole de l’insoumission, comme si tous les autres étaient des caniches. Parmi les caniches, en tout cas, se trouvent des indignés, des vrais, qui s’émeuvent de la dictature en train de s’installer au Venezuela. Après avoir mené à la faillite un pays disposant des plus grandes réserves de pétrole du monde – un exploit réalisé sur fond de corruption massive –, Nicolas Maduro et sa clique de « chavistes » répriment dans le sang les affreux « réactionnaires » qui ont eu le mauvais goût de s’en offusquer. Le président vénézuélien partage avec son mentor et prédécesseur Hugo Chavez le goût pour la démagogie économique et pour le coup d’Etat. C’est donc avec application que Maduro oppose la force à la majorité parlementaire élue, bafoue les règles démocratiques les plus élémentaires en bricolant une grotesque « Constituante ». Des méthodes d’un autre siècle. Et tout cela, bien sûr, dans le silence absolu des chavistes français, parmis lesquels on trouve quelques éléments issus du Front national – Florian Philippot avait manifesté son immense chagrin à la mort de Chavez –, mais surtout des adeptes de la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon n’a jamais varié dans son soutien en bloc à la révolution bolivarienne. Nos chers Insoumis sont donc des Robins des bois à géométrie variable, qui promettent des barricades à Paris pour protester contre l’instauration d’un barème d’indemnités prud’homales, mais traitent avec mépris les émeutes à Caracas contre un président qui affame son peuple et piétine sa liberté. Deux enseignements s’imposent : d’abord, ne jamais oublier que le stade suprême de l’antilibéralisme est toujours la tyrannie ; ensuite, mieux vaut apprendre à écouter d’une oreille distante les sermons de ces Insoumis ici, mais beaucoup moins ailleurs. Personne ne leur demande d’abjurer leur guignolesque idéologie, mais simplement de reconnaître que rien ne justifie la dictature