Cédric Villani, le « Marsupilami » du président
Pour le fantasque « matheux » de l’Assemblée, la politique est une science comme une autre.
Au milieu du bruit et de la fureur de ce mardi 25 juillet, à l’Assemblée nationale, un député s’avance vers le micro. Soudain, les élus, si dissipés quelques instants plus tôt, se taisent. Pas question de rater les premiers mots publics du « député au prix Nobel » , personnage fantasque autoproclamé « lady Gaga des maths » , toujours affublé d’une romantique lavallière de soie et d’une broche-araignée tirée de sa collection deplusde60spécimens.Cethomme à la frêle silhouette et à la voix fragile est devenu malgré lui la mascotte officieuse des parlementaires marcheurs. Interrogez n’importe quel membre du groupe LREM sur son emplacement dans l’Hémicycle, et il vous répondra en nombre de sièges ou de rangées qui le séparent de Cédric Villani. Pourquoi diable les fascine-t-il tant ?
Peut-être parce qu’il détonne. Avec son inamovible sac à dos bourré de carnets, de câbles informatiques et d’un ordinateur au clavier fatigué, Villani ne ressemble pas à ses homologues, qui baladent leur sage sacoche en cuir noir siglée Assemblée nationale remplie de dossiers bien rangés. Autre signe distinctif, son hyperactivité. Ceux qui ont jeté un oeil indiscret par-dessus son épaule racontent la même histoire. Le nouveau député a pour habitude de diviser son écran en quatre fenêtres, une par projet en cours. Etude scientifique, réflexions politiques, manuscrit de son prochain livre, notes diverses… Villani ne s’arrête jamais. Voici à quoi peut ressembler un dîner en sa compagnie : « Au milieu de la soirée, il est allé chercher son ordinateur et l’a posé sur ses genoux. Il était bien là, pleinement présent à table avec nous dans la conversation, mais ses mains étaient en train de taper un texte avec des équations… » raconte son ami Gilles Le Gendre, député LREM de Paris. Ainsi fonctionne l’esprit acrobatique du mathématicien médaillé Fields en 2010 – l’équivalent du prix Nobel.
« Bête de foire ». Ses débuts en politique ont été scrutés, décortiqués, moqués. Il est entré dans l’Assemblée sous l’oeil goguenard de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui promettait alors d’ « expliquer au matheux ce que c’est qu’un contrat de travail » . Le matheux en question, peu réputé pour sa véhémence, a rétorqué sur Twitter : « Directeur de l’institut Henri-Poincaré, j’en ai vu, des contrats de travail, mais c’est toujours un plaisir de recevoir des cours particuliers ! » Fin de l’affaire. En signe de réconciliation, les deux députés ont fait circuler une photo d’eux tout sourire sur Twitter. Depuis, personne ne s’en est pris à Villani.
Le curieux personnage niche dans un bureau au 3e étage du Palais-Bourbon, ancienne tanière d’un autre député de l’Essonne, Manuel Valls. Observé comme une bête de foire, il s’applique. Ce qui ne l’empêche pas de tisser avec méthode sa toile d’homme de pouvoir. Il vient d’intégrer la commission des Lois et découvre, sans bouder son plaisir, les rouages de la vénérable institution. Il s’est aussi fait élire président de l’Office