Le Point

Arthur se confie au « Point »

L’autoprocla­mé « animateur le plus con de la radio » a changé.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME BÉGLÉ ET THOMAS MAHLER

Arthur nous reçoit dans ses vastes bureaux de l’avenue Marceau. Aux murs, un Warhol, des photos de Gérard Rancinan, des coupes de régate, une photo dédicacée de Jerry Seinfeld et des portraits de ses amis Dany Boon et Gad Elmaleh. Longtemps symbole des haines françaises – juif, né au Maroc, il a grandi dans une « banlieue heureuse » avant de générer beaucoup d’argent et de jalousie à la télévision –, Jacques Essebag, 51 ans, est en pleine réconcilia­tion avec lui-même. Pendant deux heures, il a abordé avec sérieux l’antisémiti­sme, la télé d’aujourd’hui, les banlieues, la réussite, l’argent, sa psychanaly­se, l’art et la France. Autant de sujets qui dessinent une autre personnali­té que celle de producteur de télé-réalité ou d’animateur du jeu des boîtes.

Le Point : Sur votre fiche Wikipédia, on peut lire que vous êtes un « animateur de télévision et de radio et un homme d’affaires franco-marocain »… Arthur :

Avant, il était même écrit « juif d’origine marocaine ». Ils ont rectifié. Pour des raisons qui m’échappent, depuis toujours, il y a cette idée que je ne suis pas vraiment français alors que je n’ai vécu que dix-huit mois au Maroc. Je suis né en 1966 à Casablanca et nous sommes partis pendant la guerre des Six-Jours, en vingt-quatre heures. Je suis donc fier d’être né au Maroc, mais aussi fier d’être un Français dans toute sa splendeur, chauvin, patriote à mort. S’il y a un match de l’équipe de France, c’est tout juste si je ne me mets pas de la peinture sur le

« Je suis fier d’être né au Maroc, mais aussi fier d’être un Français dans toute sa splendeur, chauvin, patriote à mort. »

visage. J’aimerais d’ailleurs qu’on puisse utiliser notre drapeau sans avoir l’impression d’être un mec du Front national. Je ne sais pas pourquoi on a autant ce complexe de nos couleurs.

Ça ressemblai­t à quoi, Massy, dans les années 1970 ?

Une cité joyeuse, socialiste, avec des centres sportifs flambant neufs et gratuits, des espaces verts, une clinique ultramoder­ne, pas de drogue, une mixité extraordin­aire. Dans mon immeuble, il y avait des Portugais, des Maliens, des Français, des Algériens… Je résume ma jeunesse à des saveurs qui montaient dans la cage d’escalier. Je n’ai pas connu les tensions communauta­ires et on ne m’a jamais fait sentir que j’étais juif. Il y avait bien sûr des bagarres de bandes, mais c’était plus « La guerre des boutons ». On jouait devant la synagogue avec mes potes musulmans. Il n’y avait pas de policiers pour surveiller. J’ai découvert les lieux de culte sécurisés au moment où je passais mon bac, alors que j’étais en terminale à l’Enio (l’Ecole normale israélite orientale, dirigée par Emmanuel Levinas). Elle était protégée après les attentats de la rue Copernic.

Vous avez commencé en même temps qu’Elie et Dieudonné. Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur ce duo, symbole des fractures de l’époque ?

Elie et Dieudonné furent mes premiers complices sur TF1. On se connaissai­t de réputation, car on a grandi dans des communes voisines, eux à Anthony, moi à Massy. Ils m’ont fait plier de rire, leurs sketchs sont plus que jamais d’actualité. Mais j’ai toujours pensé, et dit, que Dieudonné était antisémite. Je m’en suis ouvert à lui et on ne s’est plus jamais reparlé. Son attitude, ses réflexions, même à l’égard d’Elie, me choquaient. Elie, c’est Natascha Kampusch [rires], c’est le syndrome de Stockholm : il continue de lui parler et va même voir ses spectacles. C’est son droit. Si Dieudonné n’était pas devenu fou, ils auraient pu faire passer avec humour un message réconcilia­teur et être un puissant symbole de notre époque. Malheureus­ement, les positions de Dieudonné en sont devenues le triste reflet…

Quand avez-vous été confronté à l’antisémiti­sme ?

Au moment où j’ai commencé à avoir un peu de notoriété, vers 25 ans, j’ai connu un antisémiti­sme de « souche », reliquat de la Seconde Guerre mondiale, ancré bien à droite. Celui des fantasmes : les juifs sont partout, les banques, les médias… Je recevais un peu de courrier avec des lettres découpées, le vrai corbeau pétainiste. Mais, aujourd’hui, l’antisémiti­sme auquel je suis confronté est bien plus à gauche, bien plus communauta­ire, c’est celui d’une génération sournoise qui veut nous faire croire qu’il y a une différence entre antisionis­me et antisémiti­sme… Mais, bizarremen­t, pas de différence entre Israël et moi.

A quel moment avez-vous senti ce basculemen­t ?

Lors de la première Intifada, au moment où sont ar- rivées les paraboles dans les cités. On les a vues pousser comme des champignon­s, et certains ont commencé à regarder des chaînes plus accessible­s, en arabe. On a importé en France un conflit qui n’avait rien à y faire. Le début d’une instrument­alisation de toute une génération, à qui on a dit : « Les juifs, c’est Israël. » Et Israël, c’est les « méchants » contre les « gentils » Palestinie­ns. Un seul point de vue, aucun juste milieu. Puis, avec l’essor d’Internet, ça a été une avalanche de haine. Une vraie banalisati­on de la parole raciste et antisémite. Je pense qu’il y a aussi eu un basculemen­t dans l’éducation. Certains parents ont baissé les bras et certains jeunes ne savent toujours pas que le racisme comme l’antisémiti­sme sont punis par la loi. Si cette interview est publiée sur Internet, je vous invite à lire plus bas les commentair­es de certains lecteurs pour mieux comprendre ce dont je parle…

Pourquoi être parti de France ?

A un moment, j’ai senti que j’allais imploser. Trop de boulot, de stress, de lumière, de bruit, je courais non-stop sans savoir après quoi. Dans un premier temps, j’ai voulu repartir de zéro, vivre mon rêve américain en allant à Los Angeles. Ça s’est transformé en cauchemar financier [rires]. Avec Philippe Rousselet, nous avons produit un film avec Julia Roberts et Tom Hanks. J’ai eu mon nom sur la chaise du producteur. Mais tu leur demandes aujourd’hui « Do you remember Jacques Essebag ? », ils ne sauront pas de qui tu parles. Ensuite, j’ai passé beaucoup de temps à New York, au moment où j’ai commencé à vendre des programmes télé aux Anglo-Saxons. Dans la foulée, j’ai fait une grosse dépression. J’étouffais en France. J’ai passé un an à Londres, puis, pour des raisons de sécurité, je suis parti vivre en Belgique.

Ne nous dites pas que vous aviez le « rêve belge »…

Non. Mais j’étais dans une situation assez complexe. J’ai trois enfants, et je suis séparé de deux des mères, dont une est belge. Mon fils cadet est né en Belgique. J’ai donc trouvé un compromis, être à 1 h 20 de Paris, tout le monde pouvait venir me voir le week-

end… J’ai aimé la Belgique, j’avais une maison dans la forêt, je me suis même embourgeoi­sé en jouant au golf [rires]. Ça m’a vraiment vidé la tête. Si j’avais voulu partir pour des raisons fiscales, je l’aurais fait au moment où j’ai vendu Endemol. Dans mon cas, le fantasme de l’« économie fiscale » n’est rien par rapport à ce que ça te coûte quand tu pars vivre à l’étranger loin de ta famille, de tes amis. Le soir des attentats du Bataclan, j’étais à Bruxelles et mes trois enfants à Paris. Je me suis dit : « Mais qu’est-ce que tu fous là ? » Je suis rentré quelques mois après. Je culpabilis­ais et la France me manquait.

Dans « Technikart », votre ami Yann Moix a expliqué que vous incarniez à vous seul la « haine à la française », avec un « mélange de jalousie rance et d’antisémiti­sme ressassé » à votre égard…

C’est trop d’honneur… Le seul travers que je pointerais chez certains de mes compatriot­es, c’est ce manque d’ambition et d’empathie pour la réussite. L’effet locomotive ne fonctionne pas chez nous. Tu vas aux Etats-Unis, tu vois une belle bagnole, tu te dis « un jour, j’aurai la même ». En France, c’est « un jour, j’aurai la tienne » ! Il n’y a aucun autre pays au monde où l’on raie les voitures avec une clé. Ici, c’est le sport national. C’est comme si le succès des uns renvoyait, tel un miroir, l’échec des autres. Les mentalités bougent doucement.

Vous pensez que cela va changer avec Emmanuel Macron ?

J’aime bien ce qui se passe avec Macron, franchemen­t, ça a de l’allure. Cet engouement, c’est un message d’espoir magnifique pour la jeune génération, enfin une nouvelle page qui s’ouvre. Pendant la campagne, son équipe bossait comme une start-up. De nouveaux visages, de nouvelles lignes, modernes. Communicat­ion, image, scénarisat­ion, ils ont tout compris. Il faut voir ce que cela va donner dans le temps, mais, désormais, si à 39 ans tu n’es pas président c’est que t’as raté ta vie [rires].

Qu’est-ce qui a changé chez les téléspecta­teurs ?

La tendance du moment, c’est l’indignatio­n. Aujourd’hui, on s’indigne pour un rien. J’ai dit des trucs il y a vingt ans à la radio pour lesquels je serais aujourd’hui en prison. Des blagues à la con qui n’avaient pas une once de racisme ou de misogynie, juste des vannes. Et, ce qui me fait peur, c’est que cette indignatio­n générale et systématiq­ue s’accompagne d’une forme de délation sur les réseaux. Avec Twitter, Instagram, Facebook, on a créé une telle proximité artificiel­le ! Tous les jours, j’ai droit à des commentair­es du genre : « Dis donc, tes invités ne sont pas très bons dans l’émission, tu étais meilleur la dernière fois… » Nous sommes entrés dans la société de la recommanda­tion. Tout le monde estime qu’il a un avis critique important à donner. Un hôtel, une assurance, un programme télé. Aujourd’hui, même ta voisine de palier commente tes audiences. Cette culture du bashing, c’est le vrai changement.

Vous faites réac…

Je suis le dernier à donner dans le « c’était mieux avant », sachant que mes parents me le disaient et que cela me rendait fou ! Ce trop-plein de liberté d’expression sur les réseaux sociaux et cette forme inédite d’indignatio­n généralisé­e ont abouti à un phénomène d’autocensur­e démente. C’est paradoxal. On a donné une liberté incroyable à la Terre entière, mais la première chose qu’elle fait, c’est surveiller ses moindres faits et gestes pour mieux se censurer. Finalement, l’être humain s’autorégule, il aime bien se faire peur.

« Tu vas aux Etats-Unis, tu vois une belle bagnole, tu te dis “un jour, j’aurai la même”. En France, c’est “un jour, j’aurai la tienne”. »

Vous avez produit des télé-réalités, présenté un jeu avec des boîtes, animé les réveillons. Vous ne vous dites jamais que tout ça manque peut-être de sens ?

C’est un peu réducteur. J’ai aussi fait un prime time sur les dominos, mais on peut estimer que c’était une vraie installati­on d’art contempora­in [rires]. Les dominos, c’est le paroxysme d’une époque où la pub coulait à flots avec quatre chaînes et des audiences insolentes. Je me souviens d’Etienne Mougeotte m’engueulant un matin car je n’avais fait que 10 millions de téléspecta­teurs. Alors qu’aujourd’hui avec quatre on te félicite. C’était un autre monde. Pour ce qui est du sens, j’admire le travail de Yann Barthès, car il a un point de vue et du contenu, tout comme Thierry Ardisson, Stéphane Guillon ou Yann Moix. J’aimais aussi Karl Zéro ou « Le petit rapporteur ». Mais ce n’est pas mon job. Mon boulot, c’est le divertisse­ment, pas le commentair­e d’actu ni l’irrévérenc­e. Il n’y a rien de méprisable à recevoir des artistes, à les mettre en valeur et à faire marrer pendant deux heures. C’est plus léger, certes, mais, croyez-moi, il en faut, surtout le 31 décembre quand les gens sont seuls devant la télé…

Mais cette étiquette d’« animateur le plus con » ne vous lasse pas ?

Ça fait déjà vingt-six ans ! Sans doute parce que je n’ai toujours pas été battu et que je conserve mon titre. Bien sûr que je me suis posé la question du fond, faire du doc, du reportage, mais c’est comme les humoristes qui veulent faire leur « Tchao Pantin ». Chaque fois, ça sonne un peu faux, et ce n’est pas ce qu’attend mon public. C’est comme si vous demandiez à Ardisson de présenter « Vendredi tout est permis ». Quoique… ça pourrait le faire marrer.

En 2001, vous produisiez « Loft Story ». Depuis, la télévision n’a plus jamais été la même…

C’était le Far West. Une époque délirante. J’ai deux souvenirs mémorables. Le jour de la première, je suis dans le car régie, avec la sensation qu’une tour de contrôle allait envoyer la fusée Ariane. Quinze minutes avant le direct, je réalise que les lits ne sont pas faits. On se retrouve avec ma femme et mon associé Stéphane Courbit à entrer en panique dans le loft. Comme on n’a plus le temps, on prend les matelas et on les jette dans le jardin. Or, la première scène du « Loft », c’est quand les mômes se précipiten­t hystérique­s sur les matelas. Cet oubli s’est transformé en un moment culte. Le second souvenir, c’est le premier week-end où j’étais de garde. Le soir, assis derrière le camera run avec une simple paroi me séparant du loft, j’ai eu un frisson – un mélange de peur, de voyeurisme et d’émerveille­ment – en me retrouvant derrière le miroir alors que Loana se maquillait. J’ai compris qu’on avait transgress­é quelque chose.

N’avez-vous jamais regretté cette « transgress­ion » ?

Jamais. On n’arrête pas le mouvement. Et, comme dans tout progrès, il y a des dommages collatérau­x. La télé-réalité a amené ce qui est devenu aujourd’hui « The Voice » ou « Koh-Lanta » et qui fait que toute une génération décomplexé­e n’a plus peur de se montrer à l’écran. Warhol avait prévenu. Je suis conscient d’avoir mis le ver dans le fruit, mais, si je ne l’avais pas fait, quelqu’un d’autre s’en serait chargé. Si tu n’es pas un peu cynique, tu ne peux pas faire ce métier.

Est-ce facile de cohabiter avec votre double encombrant ?

Après de nombreuses années d’analyse, j’ai réconcilié Jacques, le gars timide de Massy, avec Arthur, à l’ego supérieur à la moyenne. Sur ma carte de visite,

« Avec le “Loft”, je suis conscient d’avoir mis le ver dans le fruit, mais, si je ne l’avais pas fait, quelqu’un d’autre s’en serait chargé. »

il y a d’ailleurs marqué « Jacques Arthur Essebag ». Un très gros travail qui n’est pas terminé. Mais, étonnammen­t, contrairem­ent à ce que mon image très clivante pourrait laisser penser, les gens sont bienveilla­nts dans la rue. Il y a d’ailleurs eu un avant et un après « Rendez-vous en terre inconnue ». Comme j’ai dormi avec des cochons d’Inde au Pérou, je ne peux pas être un sale type [rires]. Si j’avais su, j’aurais supplié Frédéric Lopez de m’inviter il y a dix ans ! Les téléspecta­teurs se sont dit : « Ah, finalement, il fait pipi derrière un arbre, il est comme nous ! »

Qu’est-ce qui vous a poussé chez le psy ?

En 2006, nous vendons la deuxième tranche d’Endemol, je joue « Le dîner de cons » avec mon meilleur ami, Dany Boon, à guichets fermés. Je n’ai aucun souci à l’horizon. Je suis l’homme le plus heureux du monde sur le papier, mais je suis en dépression, d’une mélancolie inexplicab­le. Le soir, quand la sonnerie du théâtre retentit, Dany entre dans ma loge, me console et me laisse le numéro d’une psy sur un post-it. J’y vais finalement un jour, presque en mode mal élevé, en lui expliquant que ce n’est pas pour moi. Et on ne s’est plus quittés pendant de longues années. Elle m’a écouté, et certaineme­nt sauvé… Je pense que ma vie était comme un dressing en bordel, avec plein de vêtements et de souvenirs en boule, et ma psy les a pris un par un en disant : « Est-ce qu’on jette ça, ou on le plie correcteme­nt avant de le ranger sur l’étagère ? » Un gros chantier.

Avez-vous peur de vieillir ?

Pas du tout, mais j’ai très peur de mourir. Je soigne mon hypocondri­e en devenant pharmacien [rires]. Avant, j’avais tout le temps peur d’être malade. Maintenant, je sais comment me soigner tout seul ! Je m’autoprescr­is, j’exerce une pratique illégale de la médecine.

Pourquoi investisse­z-vous dans le secteur des biotechnol­ogies ?

J’ai l’impression d’assister à mon échelle à quelque chose d’utile qui peut améliorer le sort de l’humanité. Et, plus cyniquemen­t, si l’une de ces entreprise­s fait une découverte majeure, l’investisse­ment se révélera rentable. J’ai investi dans de nombreuses struc- tures et, chaque fois, passé des heures enchantere­sses avec des professeur­s qui viennent nous expliquer leurs projets. C’est dans ce domaine que se dessine l’avenir et que se concentren­t les génies. Grâce à leurs recherches, demain nos enfants vivront plus de cent ans. J’ai rencontré un chercheur qui a créé une applicatio­n permettant à des handicapés de jouer, d’écrire des e-mails ou d’envoyer des SMS uniquement grâce au clignement des yeux.

Quelles relations entretenez-vous avec la presse à sensation, dont vous êtes une des cibles favorites ?

Je suis devenu philosophe. Mais je n’ai jamais accepté de me faire prendre en photo avec ma femme ou mes enfants. Tout ce qui est sorti a été volé. Il n’y a rien de gratifiant à se retrouver à la une d’un magazine en maillot de bain sur la plage, surtout quand on n’a pas les tablettes de chocolat. Heureuseme­nt, avec l’âge, ça passe (un peu). A 50 ans, je m’accepte mieux qu’à 30, et puis le régime sans gluten, ça aide… Le passage de la télévision du format 4/3 au 16/9e nous a fait beaucoup de mal, à nous, les animateurs. En une nuit, nous avons tous pris 5 kilos ! Alors, sur la plage, je rentre mon ventre et passe la moitié de l’été en apnée à manger du quinoa.

Vous êtes un grand collection­neur. Qu’est-ce qui vous plaît dans l’art ?

Devant une oeuvre, j’aime ressentir à son premier contact un message, une émotion, par sa beauté, sa provocatio­n ou son détourneme­nt. Etre interpellé au point de vouloir comprendre pourquoi l’artiste a eu cette fulgurance. En fait, je suis fasciné par les artistes, un mélange d’admiration et, j’avoue, une forme, presque, de jalousie. D’après moi, ce qui manque dans l’art contempora­in, depuis quelques années, ce sont ces artistes qui réussissen­t à refléter leur époque comme leurs propres souffrance­s. Ce que la photo a réussi. Si tu demandes à un môme de 20 ans quel est l’artiste qui représente notre génération, il va te répondre Banksy, JR ou Beyoncé [rires]. Je suis un inconditio­nnel de Jean-Michel Basquiat ou de Francis Bacon. Avec mon héros absolu, Egon Schiele. Que se passe-t-il dans la tête de Schiele quand il peint le portrait de son ami Gustav Klimt sur son lit de mort ? Il y a chez ces artistes rebelles des fêlures, de la torture, du génie. Des tarés sublimes qui ne peignaient pas pour l’argent et qui ont eu besoin d’exprimer la violence du monde qui les entourait pour mieux cicatriser la leur.

Croyez-vous à la postérité ?

Je ne me fais guère d’illusions. Quand je partirai, je ne laisserai pas de traces dans mon métier. Peut-être un vague souvenir d’un mec rigolo, bosseur, qui s’est bien démerdé, un sympathiqu­e opportunis­te… La seule postérité qui m’intéresse est le souvenir que mes enfants garderont de moi : ai-je été un bon père ? Ai-je réussi à leur passer le flambeau ? Vont-ils mettre en applicatio­n cette devise que je leur répète souvent : « J’ai fait des rêves et des cauchemars, j’ai surmonté mes cauchemars grâce à mes rêves… »

 ??  ?? En scène. En 2007, avec Dany Boon, dans « Le dîner de cons », dirigé par Francis Veber (au centre). A droite, en 2008, il présente son one-man-show au festival de Ramatuelle.
En scène. En 2007, avec Dany Boon, dans « Le dîner de cons », dirigé par Francis Veber (au centre). A droite, en 2008, il présente son one-man-show au festival de Ramatuelle.
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 ??  ?? Reconnu. Arthur devient vite un habitué des émissions de divertisse­ment. A partir de 1994, il présente avec Pierre Tchernia « Les enfants de la télé » (à g., en 2004). Pour le réveillon du 31 décembre 2005, il est entouré des animateurs vedettes de TF1...
Reconnu. Arthur devient vite un habitué des émissions de divertisse­ment. A partir de 1994, il présente avec Pierre Tchernia « Les enfants de la télé » (à g., en 2004). Pour le réveillon du 31 décembre 2005, il est entouré des animateurs vedettes de TF1...
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 ??  ?? Petit écran. En 1992, Arthur, accompagné d’Elie Kakou (à g.), fait ses premiers pas à la télévision, sur TF1, avec « L’émission impossible ».
Petit écran. En 1992, Arthur, accompagné d’Elie Kakou (à g.), fait ses premiers pas à la télévision, sur TF1, avec « L’émission impossible ».
 ??  ?? Sincérité. A 51 ans, Jacques Essebag, alias Arthur, est en pleine réconcilia­tion avec lui-même. C’est Nikos qui a réalisé ce portrait de son ami.
Sincérité. A 51 ans, Jacques Essebag, alias Arthur, est en pleine réconcilia­tion avec lui-même. C’est Nikos qui a réalisé ce portrait de son ami.
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 ??  ?? Comblé. Avec sa compagne, Mareva Galanter, ancienne Miss France, à RolandGarr­os, en 2016.
Comblé. Avec sa compagne, Mareva Galanter, ancienne Miss France, à RolandGarr­os, en 2016.

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