Le Point

Investisse­ments : le rappel à l’ordre de Pékin

- HÉLOÏSE PONS

La Chine change de ton. Alors qu’elle poussait ses entreprise­s à conquérir le monde, Pékin les incite à la modération depuis novembre dernier. En 2016, les capitaux investis hors du pays ont bondi de 50 % par rapport à 2015, et le cours du yuan était flageolant… Les autorités chinoises ont donc pris des mesures drastiques pour contenir ces « fuites » financière­s vers l’étranger. Les placements de plus de 10 milliards de dollars ont été interdits. En ligne de mire : Anbang, entreprise d’assurances chinoise. Mais aussi des consortium­s implantés en France comme Fosun, présent dans la santé, l’assurance et le tourisme, Wanda, acteur de l’hôtellerie et du tourisme, ou encore HNA, opérant dans l’aéronautiq­ue, le tourisme et l’immobilier. Des enquêtes anticorrup­tion ont été lancées sur Anbang et Fosun, les contraigna­nt à rendre des comptes sur leurs investisse­ments à l’étranger et leurs prêts aux banques chinoises. Wu Xiaohui, dirigeant-fondateur de Anbang, a dû quitter ses fonctions en juin à la suite de ces opérations. Pékin craint aussi un surendette­ment de ses entreprise­s à la conquête du monde. La Commission de régulation bancaire a sommé ainsi, en juin, les banques créancière­s d’auto-évaluer les risques de ces transactio­ns. Elles doivent aussi réfléchir à mettre des mesures en place pour s’en prémunir

le groupe perde son âme : « Il ne faut pas oublier que c’est l’excellence allemande qui a attiré les Chinois. S’ils se mettaient à tout changer, ils n’auraient plus la même entreprise que celle qu’ils ont achetée. Kuka, c’est quarante ans d’expérience, des ingénieurs hautement qualifiés… Midea va donc tout faire pour protéger ce label “made in Germany” qui ouvre grand les portes en Chine. »

Sous observatio­n. Pour les Chinois, Kuka est un puissant fer de lance pour conquérir leur marché, à la traîne en matière de robotique et d’automatisa­tion, mais où le coût de la main-d’oeuvre croît à une allure folle. Les besoins d’automatisa­tion sont immenses. Pour les Allemands, Midea est une porte ouverte sur le marché chinois. « Nous avons un partenaire puissant et un marché en pleine expansion, explique Wilfried Eberhardt, qui travaille chez Kuka depuis trente et un ans. Le marché mondial de la robotique est six fois plus grand qu’en 2009. Grâce à Midea, nous allons avoir accès à des clients que nous n’aurions jamais atteints tout seuls. » Néanmoins, un an après le passage de ce champion national sous pavillon chinois, le groupe est plus que jamais sous observatio­n. Lors de la Foire de Hanovre, en avril, la chancelièr­e s’est rendue sur le stand de Kuka pour prendre des nouvelles. En parallèle, Angela Merkel a durci les règles sur les investisse­ments étrangers dans les entreprise­s allemandes jugées stratégiqu­es

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