Le Point

De la cravate du président aux prises d’ordinateur en passant par les plans de table, le chef du protocole a un oeil sur tout. Enquête.

- PAR ÉMILIE LANEZ

C’est lui, le discret chef du protocole, qui organise en quinze jours la visite de Donald Trump et de sa femme à Paris le 14 juillet. Lui auquel revient, à Pékin, en août 2011, l’épineuse mission de convaincre un Nicolas Sarkozy épuisé qu’il ne pourra pas faire l’impasse sur la réunion prévue tôt le lendemain et devra serrer la main de chaque participan­t, et tant pis pour son fils Louis, qui patientera avant de pouvoir profiter de la compagnie paternelle. Ce soir-là, le chef du protocole eut un peu chaud, car un an auparavant le chef de l’Etat virait en plein déplacemen­t son prédécesse­ur, paradoxale­ment excédé que celui-ci ne sache lui tenir tête. C’est encore le chef du protocole qui, alors que l’avion présidenti­el entame sa descente vers Camp David, rappelle à François Hollande que l’invitation lancée par Obama stipule une tenue « casual » et que par conséquent, oui, il serait bon de retirer sa cravate. François Hollande la garde et il est le seul. C’est lui qui se mord les doigts quand il ne peut retenir François Hollande de monter dans sa voiture avant que la reine Elisabeth d’Angleterre ne soit installée dans la sienne, alors que la veille il lui a tendu la main le premier, entorse à l’étiquette. C’est lui encore qui, quelques heures avant que n’atterrisse­nt en Normandie, ce 6 juin 2014, les avions de109chefs­d’Etat,degouverne­ment et souverains, venus commémorer le Débarqueme­nt allié, réalise que le chapeau de la souveraine sera froissé dans la DS 5 prévue pour la transporte­r. Le plafond est trop bas. Et lui toujours qui in extremis dégote une Renault Vel Satis, convoyée en urgence jusqu’au château de Bénouville. Chapeau épargné. Lui encore qui sait que, dans le déroulé de cette journée commémorat­ive, calculée à la minute près, il faudra penser à ce que la même reine puisse reposer ses jambes une dizaine de minutes dans une chambre. Et qu’il serait bien que sa délégation ne remarque pas que, pendant la mi-

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 ??  ?? Vigilance. Emmanuel Macron accueille Vladimir Poutine à Versailles, le 29 mai. Devant eux, Frédéric Billet : lorsqu’il accompagne le chef de l’Etat, le chef du protocole passe toujours en premier.
Vigilance. Emmanuel Macron accueille Vladimir Poutine à Versailles, le 29 mai. Devant eux, Frédéric Billet : lorsqu’il accompagne le chef de l’Etat, le chef du protocole passe toujours en premier.

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