Les penseurs les plus influents du monde
Ce ne sont plus les philosophes traditionnels qui mènent le débat et transforment nos vies, mais ces entrepreneurs aux ambitions sans limites.
On ne se méfie jamais assez des après-midi barbecue. La passe d’armes a commencé en plein enfumage de briskets (des tranches de poitrine de boeuf) et avant qu’on mette à cuire des ribs, les travers de porc qu’on fait ensuite revenir avec une sauce maison. Dans une vidéo tournée le 24 juillet dans son jardin de Palo Alto, Mark Zuckerberg a expliqué que les craintes liées à l’intelligence artificielle, exprimées quelques jours plus tôt par Elon Musk devant une quinzaine de gouverneurs américains, étaient « plutôt irresponsables ». Le lendemain, Elon Musk a rétorqué, sur Twitter, que le numéro un de Facebook avait une « connaissance très limitée » de cette discipline, qui vise à rendre les machines intelligentes. Pour le créateur de la voiture électrique Tesla et du lanceur de satellites SpaceX, « l’intelligence artificielle représente un danger bien supérieur à celui que représente la Corée du Nord ».
L’idée de Musk est singulière : pour survivre, notre cerveau, qui fonctionne à la vitesse du son, doit s’allier à la machine, qui, elle, carbure à la vitesse de la lumière… L’entrepreneur en série a même créé l’an dernier une société, Neuralink, qui doit permettre aux ordinateurs de créer un « lacet neuronal » avec le cerveau. En résumé, intégrer de l’électronique dans notre cerveau pour augmenter notre mémoire et lutter contre l’obsolescence humaine programmée… Une idée directement tirée d’un épisode du « Cycle de la culture », une utopie anarchiste dans laquelle les hommes peuvent modifier leur code génétique, imaginée par l’auteur de science-fiction écossais Iain Banks.
La différence d’approche qui a opposé Platon et Aristote vous passionne ? Vous aimez l’intensité des drames shakespeariens ? Vous retrouverez la même adrénaline en suivant les débats qui font rage sur la côte Ouest. Une bonne partie de notre avenir se dessine outre-Atlantique dans les débats qui agitent les ténors du « capitalisme cognitif ».
Montaigu et Capulet. Prenez le patriotisme économique. Peter Thiel, cocréateur de PayPal, explique dans son ouvrage « Zero to One » pourquoi les start-up doivent évoluer dans un cocon à l’abri de toute concurrence pour s’imposer sur la planète. Comparant la rivalité qui oppose Microsoft à Google à celle des Montaigu et des Capulet dans « Roméo et Juliette », il regrette cette bataille qui leur a fait perdre beaucoup d’énergie. Défendue par le titulaire d’une licence de philosophie à Stanford, la thèse n’a pas du tout plu à Andy Rubin, un ancien cadre de Google : « La concurrence, c’est bien. Un monde ouvert aussi. C’est pour cette raison que nous avons créé Android. »