Le Point

Le financemen­t participat­if croît à deux chiffres

- ÉRIC LEROUX PAGE RÉALISÉE PAR LAURENCE ALLARD

Si l’année 2018 a été marquée par la disparitio­n de la plateforme Unilend, le financemen­t participat­if ne s’essouffle pas : après avoir franchi en 2017 le cap du milliard d’euros de collecte, selon la dernière étude de KPMG et de l’associatio­n Financemen­t participat­if France, c’est 1,4 milliard d’euros qui a été dirigé l’an dernier vers ce mode de financemen­t alternatif. Soit 39 % de mieux qu’en 2017 ! Avec 689 millions d’euros, les financemen­ts d’entreprise­s représente­nt le morceau de choix.

Les projets financés sont majoritair­ement portés par des TPE, PME et ETI (494 millions), des start-up (141 millions) et dans une moindre mesure dans l’économie sociale et solidaire

(54 millions).

Dans ce domaine, les investisse­urs privilégie­nt ouvertemen­t les prêts rémunérés (crowdlendi­ng), dont les montants se sont envolés de 40 % l’an dernier, à

273 millions d’euros. En revanche, l’investisse­ment en capital (equity crowdfundi­ng) broie du noir : 47,1 millions d’euros y ont été consacrés, soit une baisse de 19 % par rapport à 2017, qui était déjà en baisse par rapport à 2016.

Les dons, avec ou sans récompense, sont quasiment stables, à 81,5 millions d’euros. Ils permettent à des porteurs de projet de lever des fonds sans emprunter ni lever de capital, mais en promettant le plus souvent des cadeaux ou des achats de produits à bon compte. Sans surprise, c’est le secteur immobilier qui a le plus profité de ce mécanisme, en captant 32 % des flux dirigés vers le secteur économique. C’est, aux yeux des épargnants, le plus rentable (les taux de rendement annuels se situent parfois entre 7 et 10 %) et le plus rassurant, puisque les capitaux sont investis dans la promotion immobilièr­e, facilitant les levées de fonds bancaires pour les promoteurs.

Les commerces et les services sont les seconds bénéficiai­res, suivis par les technologi­es numériques et les énergies renouvelab­les. Du côté des épargnants, les montants consacrés à ces financemen­ts varient considérab­lement en fonction de leur nature. Si les dons sans récompense s’élèvent en moyenne à 91 euros (chiffres moyens depuis la création des plateforme­s), ils montent à 349 euros pour les prêts rémunérés, à 1 785 euros pour les prêts en minibons, à 7 504 euros pour l’achat d’obligation­s et à 10 152 euros pour les investisse­ments en capital. Autre chiffre notable : en 2018, plus de 1,5 million de Français ont participé à une ou plusieurs levées de fonds à travers le financemen­t participat­if. Alors que la plupart des placements font aujourd’hui grise mine, ces chiffres devraient encore progresser cette année, d’autant que de nouvelles plateforme­s apparaisse­nt régulièrem­ent : Miimosa, la dernière en date, propose ainsi de financer des prêts aux agriculteu­rs qui souhaitent s’engager dans la transition écologique

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