Le Point

Roaccutane, la solution de facilité

- 1. « Mon amie la peau » (JC Lattès). JÉRÔME VINCENT

ACNÉ Roaccutane, Roaccutane… Un nombre incroyable de dermatolog­ues n’ont que ce produit à proposer aux jeunes filles et garçons les consultant pour leur acné. Cette maladie du follicule pilo-sébacé toucherait près de 80 % des adolescent­s à la puberté. La peau devient grasse et des points blancs, noirs, des boutons rouges prolifèren­t sur le visage. Malaise, honte, il est parfois difficile d’avoir 15 ans. Et cela peut durer des années, malgré toutes les crèmes prescrites, les cures d’antibiotiq­ues essayées et abandonnée­s, l’errance d’un médecin à un autre. Souvent, fatalement, le verdict tombe : « Votre acné est sévère et résistante, il va falloir prendre un médicament puissant et très efficace, de l’isotrétino­ïne, en s’entourant impérative­ment de précaution­s. » En particulie­r pour les filles et les jeunes femmes, il faut s’assurer de ne pas être enceintes ni de le devenir en suivant une contracept­ion efficace, et se soumettre à des tests de grossesse mensuels. Mis sur le marché français il y a près de trente-cinq ans sous la marque Roaccutane – aujourd’hui disparue sous forme orale et remplacée par des copies dénommées Procuta, Contracné, Curacné, Acnétrait ou un générique –, ce dérivé de la vitamine A est formelleme­nt contre-indiqué lors de la grossesse, car il peut entraîner des malformati­ons chez le bébé à naître. Le risque est moindre avec les rétinoïdes cutanés, en crème ou en gel – l’isotrétino­ïne (Roaccutane), l’adapalène (Différine et génériques, Epiduo), la trétinoïne (Effederm, Locacid, Ketrel…) –, mais il existe. L’isotrétino­ïne orale induit bien d’autres effets indésirabl­es : sécheresse, irritation, fragilisat­ion de la peau, mais aussi conjonctiv­ite, saignement du nez, diarrhées sanglantes et inflammati­on du tube digestif. Des risques de dépression et de suicide ont été évoqués. De quoi inquiéter de jeunes patients déjà déstabilis­és par leur peau disgracieu­se. « Le dermatolog­ue doit savoir considérer la dimension psychologi­que des maladies de la peau, écrit le professeur Nicolas Dupin (1). (…) Rien ne vaut un nettoyage de peau avant de débuter un traitement de son acné. » Un peu de douceur et d’empathie, des soins locaux quotidiens permettent souvent d’éviter le recours brutal à l’isotrétino­ïne orale. 820 000 boîtes ont cependant encore été vendues et remboursée­s l’an dernier ■

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