Roaccutane, la solution de facilité
ACNÉ Roaccutane, Roaccutane… Un nombre incroyable de dermatologues n’ont que ce produit à proposer aux jeunes filles et garçons les consultant pour leur acné. Cette maladie du follicule pilo-sébacé toucherait près de 80 % des adolescents à la puberté. La peau devient grasse et des points blancs, noirs, des boutons rouges prolifèrent sur le visage. Malaise, honte, il est parfois difficile d’avoir 15 ans. Et cela peut durer des années, malgré toutes les crèmes prescrites, les cures d’antibiotiques essayées et abandonnées, l’errance d’un médecin à un autre. Souvent, fatalement, le verdict tombe : « Votre acné est sévère et résistante, il va falloir prendre un médicament puissant et très efficace, de l’isotrétinoïne, en s’entourant impérativement de précautions. » En particulier pour les filles et les jeunes femmes, il faut s’assurer de ne pas être enceintes ni de le devenir en suivant une contraception efficace, et se soumettre à des tests de grossesse mensuels. Mis sur le marché français il y a près de trente-cinq ans sous la marque Roaccutane – aujourd’hui disparue sous forme orale et remplacée par des copies dénommées Procuta, Contracné, Curacné, Acnétrait ou un générique –, ce dérivé de la vitamine A est formellement contre-indiqué lors de la grossesse, car il peut entraîner des malformations chez le bébé à naître. Le risque est moindre avec les rétinoïdes cutanés, en crème ou en gel – l’isotrétinoïne (Roaccutane), l’adapalène (Différine et génériques, Epiduo), la trétinoïne (Effederm, Locacid, Ketrel…) –, mais il existe. L’isotrétinoïne orale induit bien d’autres effets indésirables : sécheresse, irritation, fragilisation de la peau, mais aussi conjonctivite, saignement du nez, diarrhées sanglantes et inflammation du tube digestif. Des risques de dépression et de suicide ont été évoqués. De quoi inquiéter de jeunes patients déjà déstabilisés par leur peau disgracieuse. « Le dermatologue doit savoir considérer la dimension psychologique des maladies de la peau, écrit le professeur Nicolas Dupin (1). (…) Rien ne vaut un nettoyage de peau avant de débuter un traitement de son acné. » Un peu de douceur et d’empathie, des soins locaux quotidiens permettent souvent d’éviter le recours brutal à l’isotrétinoïne orale. 820 000 boîtes ont cependant encore été vendues et remboursées l’an dernier ■