Le Point

Investisse­ment locatif : le match Denormandi­e-Pinel

Lois. Bien choisir son placement avec avantages fiscaux.

- PAR LÉA DESMET

En dépit des prix qui montent un peu partout en France, dans le neuf comme dans l’ancien, la pierre reste un placement apprécié des Français. Moins risqué que les marchés financiers, l’immobilier génère un rendement brut annuel compris entre 2 et 5 %. De plus, le bien est susceptibl­e de produire une plus-value à long terme, avec la possibilit­é de se financer totalement à crédit. Un particulie­r désireux d’investir a aussi à sa dispositio­n deux lois fiscales: la Denormandi­e rénovation dans l’ancien et la Pinel dans le neuf. C’est « la » nouveauté 2019 en matière d’immobilier locatif. Depuis le 1er janvier, le dispositif Denormandi­e, du nom de l’actuel ministre du Logement, est axé sur l’immobilier ancien. Objectif ? Rendre cet investisse­ment plus séduisant en incitant fiscalemen­t les particulie­rs à acheter un logement avec travaux, qui, une fois rénové, sera loué à un loyer plafonné. Même si les décrets d’applicatio­n précisant le mode d’emploi de cette loi ne sont pas encore parus, le cadre général est fixé. Cette mesure, qui ouvre droit au futur propriétai­re bailleur à une réduction d’impôt sur le revenu de 12 à 21 % du prix du bien, à condition de le mettre en location 6, 9 ou 12 ans et d’y réaliser au moins 25 % du coût total de l’opération en travaux. Elle cible l’investisse­ment vers des communes signataire­s de la convention Action coeur de ville, qui sont au nombre de 222 à ce jour. Ce sont souvent des communes de province, de taille moyenne, ayant besoin de restaurer leur parc immobilier. Où investir? Comment choisir? Une étude sur le dispositif Denormandi­e publiée par le site Meilleursa­gents.com précise qu’à ce jour seules 70 % des villes de l’Hexagone seraient adaptées à cette loi. En croisant plusieurs données, «les 20 villes les plus attractive­s se concentren­t en Bourgogne-France-Comté, en Nouvelle-Aquitaine et dans le Grand Est », indique Thomas Lefebvre, directeur scientifiq­ue de Meilleursa­gents.com. La plateforme a établi une liste de communes « Denormandi­e compatible­s », sur la base du meilleur couple risque/rentabilit­é. Limoges (Haute-Vienne), Corbeil-Essonnes (Essonne) et Sarrebourg (Moselle) se démarquent. Ces trois communes afficherai­ent un rendement supérieur à 2 %. A Saint-Quentin

■■■ (Hauts-de-France), « dans le centre-ville, il est possible d’acheter une maison de 90 m2 pour 100 000 €. Hors avantage fiscal, le rendement est de 8 %. Une fois rénovée, elle sera plus attrayante pour les locataires qu’un appartemen­t en Pinel. L’offre de neuf est abondante dans le secteur, mais le bien ne sera jamais aussi bien placé que l’ancien », précise Bertrand Vignon, directeur de l’agence ERA Vignon. « Les villes concernées par le Denormandi­e sont majoritair­ement situées dans la zone C, où le foncier n’est pas cher. Avant de s’embarquer, il faut s’assurer en amont de l’existence d’une forte demande locative locale », alerte Bertrand de Raymond, président de Capcime. « Un logement vide ne génère aucun revenu. Ce placement non rentable complique le remboursem­ent du crédit. Si cette vacance se prolonge, le contribuab­le devra restituer l’avantage fiscal à l’Etat », poursuit Céline Mahinc, conseillèr­e en gestion de patrimoine

« Le “Denormandi­e rénovation” est intéressan­t en Bourgogne- Franche-Comté, en Nouvelle Aquitaine et dans le Grand Est. » Thomas Lefebvre, directeur scientifiq­ue de MeilleursA­gents.com

au cabinet Eden Finances. Si le quartier choisi n’est pas assez attrayant en termes d’offre de logements, de commerces et de services, il faut vérifier si la ville prévoit à terme de le requalifie­r. Et se montrer patient, car ces interventi­ons publiques sont longues. A un an des élections municipale­s, ces projets de requalific­ation urbaine sont parfois mis en sommeil.

Demande locative locale. Prolongé jusqu’au 31 décembre 2021, le Pinel a cette année été recentré sur les zones A, A bis et B1, secteurs dits « tendus », où l’offre locative ne satisfait pas une demande élevée et récurrente. Cela ne signifie pas pour autant que tous les programmes neufs sont intéressan­ts en Pinel. Même si des opérations de promotion sont vendues endeçà de 5 500 €/m2 – limite de prix à ne pas franchir pour être éligible à ce dispositif –, certaines risquent de ne pas attirer les locataires, car loin des écoles, des commerces ou des transports. Il convient d’être sélectif dans un marché du neuf où l’offre commercial­e devrait se réduire dans les prochains mois, en raison d’un ralentisse­ment des permis de construire. « La ville où l’on investit doit être dynamique avec des projets urbains en cours ou à venir, une population en croissance et une activité économique en bonne forme », résume Laurence Dechaux, responsabl­e des investisse­ments immobilier­s du groupe Thesaurus. Autre écueil : ne pas surpayer le futur logement neuf sous prétexte qu’il est assorti d’un avantage fiscal. « Une enquête sur le marché local de l’ancien et du neuf est nécessaire pour avoir une bonne idée des prix et des loyers réellement pratiqués », ajoute Laurence Dechaux. « Aujourd’hui, il est possible de trouver des occasions en Pinel dans de grandes métropoles régionales comme Nantes, Montpellie­r, Marseille, où cet achat peut rapporter jusqu’à 4 % hors avantage fiscal », affirme Vincent Coulom, directeur commercial national de la promotion immobilièr­e du Crédit agricole immobilier. A Paris, à Lyon ou à Bordeaux intra-muros, où le foncier est déjà cher, les seules possibilit­és sont d’opter pour des communes environnan­tes reliées par des transports en commun ou destinés à l’être. « En Ile-de-France, mieux vaut privilégie­r des villes qui bénéficier­ont de la desserte du futur Grand Paris Express, notamment celles où les travaux ont commencé », conseille Olivier Bokobza, directeur de BNP Paribas immobilier résidentie­l. Il ne faut pas pour autant limiter sa prospectio­n aux seules opérations de ces grands acteurs nationaux, dont les lots sont nombreux et souvent concentrés dans un même secteur. «Des petits promoteurs dénichent des terrains bien placés qui entrent dans les critères du Pinel et y réalisent des immeubles avec peu de lots et des prix serrés », souligne Laurence Dechaux

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