« LA SECTION ANDERSON », LE RETOUR
Cinéma. Il est des documentaires qui ont influencé toute une génération de cinéastes. « La section Anderson », de Pierre Schoendoerffer, diffusé pour la première fois en février 1967 dans « Cinq colonnes à la une », est de ceux-là. Beau, bouleversant. Plus de cinquante ans après, l’émotion, la réalité sans fard demeurent intactes à la vue de ces appelés américains embarqués, sous les ordres du lieutenant Joseph B. Anderson, dans cette guerre au Vietnam, qui déchira l’Amérique. Ils ont entre 18 et 25 ans et ont la peur au ventre. Il y a des Blancs et des Noirs. Certains seront blessés, d’autres tués. Le cinéaste va partager pendant deux mois et demi la vie de ces hommes embourbés dans la jungle vietnamienne. En 1966, Nancy Sinatra chante « These Boots Are Made for Walkin’ ». La contestation n’est pas encore de mise. Elle naîtra deux ans plus tard sur les campus au moment où « La section Anderson » décroche l’oscar du meilleur documentaire et un Emmy Award. « Je croyais retrouver l’Indochine, j’ai rencontré l’Amérique », confesse Schoendoerffer en off. Pas d’interview, juste sa voix neutre, images furtives, visages graves, mains qui se serrent, scènes de la vie quotidienne. Ni lyrisme ni compassion, la réalité brute en direct, dès les premières images d’une messe célébrée en pleine jungle, sous les tirs de mortier et le ballet des hélicos. Mieux qu’un documentaire, une méditation sur la guerre ■
Copie restaurée, en salles le 27 mars.