« Un algorithme réagit à la récompense »
Joëlle Pineau (45 ans) codirige le laboratoire Reasoning and Learning Lab de l’université McGill et est spécialisée dans l’apprentissage en renforcement, dans la lignée des créateurs de l’apprentissage profond que sont les Canadiens Geoffrey Hinton, Yoshua Bengio, ou encore le Français Yann Le Cun. Violoniste, cette chercheuse formée à l’université de Waterloo avant un doctorat en robotique à l’université Carnegie-Mellon, aux EtatsUnis, est également chargée du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook à Montréal. Avec sa double casquette, elle est sensible au caractère ouvert de la publication de ses recherches, tout comme elle est confrontée à la responsabilité des grandes plateformes. Cela va de la gestion des données personnelles – nous devons décider quelle est la personne de confiance, que j’appellerais Trustee, avec qui nous partageons ces données – à la prolifération des deepfakes, ces fausses vidéos plus vraies que nature. « C’est une peste que nous devons combattre férocement. Une des pistes est d’orienter les algorithmes de détection en les récompensant lorsqu’ils détectent une fausse vidéo », explique celle qui a participé au sommet AI for Humanity, à Paris, les 28, 29 et 30 octobre. Mais, en dehors de l’annonce, il y a un mois, d’un Deepfake Detection Challenge doté de 10 millions de dollars, Mark Zuckerberg est-il vraiment concerné par ce qui est diffusé sur son réseau social ?
« Nous en parlons très souvent », explique Joëlle Pineau qui, contre toute attente, croit à l’avenir de la voiture autonome, en dépit des nombreux ratés actuels. « Je verrai cela de mon vivant et j’espère bien dans les vingt à trente ans, expliquet-elle au Point. En revanche, pas question d’une période intermédiaire où humains et machines conduiront ensemble. Il faut qu’uniquement les machines conduisent, car cela leur permettra de se repérer entre elles. »
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