Le Point

Audemars Piguet, l’année des extrêmes

Sport mais chic. Offensif, l’horloger élargit son offre là où on ne l’attend pas.

- PAR CONSTANCE ASSOR

Un record mondial de finesse et une nouvelle ligne de montre : pour la plus vieille manufactur­e encore aux mains de ses familles fondatrice­s, 2019 fera date. Fondée en 1875 au Brassus, une bourgade isolée de la vallée de Joux, la maison, qui produit environ 40 000 pièces par an pour un chiffre d’affaires proche de 1,1 milliard d’euros, est l’une des plus prisées du public et respectées du secteur. Son secret ? L’audace. Au risque de déchaîner les passions…

L’audace n’est pourtant pas une qualité courante chez les horlogers. Bien que pléthoriqu­e, l’offre de ce marché est savamment segmentée. Pour ne pas se cannibalis­er, les marques, qui sont, pour la plupart, la propriété de grands groupes, évoluent dans un univers distinct. Bousculant cette mécanique bien huilée, une poignée d’indépendan­ts jouent les troublefêt­es. Audemars Piguet, chantre de la montre sport chic, s’est aventuré hors de son pré carré avec le lancement, en janvier, de Code 11.59. Un modèle urbain résolument horloger composé de treize références et six calibres différents.

L’objectif ? « Reconquéri­r le territoire de la montre classique », assure François-Henry Bennahmias, qui préside aux destinées de la maison depuis 2012. La logique est implacable. Très dépendante de la Royal Oak lancée en 1972, la firme doit diversifie­r son offre. Pourtant, cette déclinaiso­n mixte, ronde et sans lunette, dont seul le fond de boîte sur carrure octogonale rappelle la signature d’Audemars Piguet, provoque l’ire des aficionado­s. Un torrent d’injures s’abat sur les réseaux sociaux ? Le directeur général ne cille pas. Il a d’ailleurs anticipé cet accoucheme­nt dans la douleur. «Avant le lancement, les équipes ont effectué une mission commando dans le désert d’Oman. Bombardées de questions sur la collection par des militaires, elles ont appris à gérer la pression et à défendre contre vents et marées le produit. » Bien soutenue, cette dernière s’installe, et se vend « si bien que la production sera doublée pour atteindre 4 000 pièces l’année prochaine ».

Peu échaudé par ce qu’il qualifie de « rite initiatiqu­e », l’ex-joueur de golf profession­nel s’attaque dans la foulée au record le plus convoité de l’industrie : celui de la finesse. Récemment dévoilée, la Royal Oak Quantième

Perpétuel ultraplat automatiqu­e repousse les limites de l’ultraplat automatiqu­e avec un mouvement ne mesurant que 2,89 millimètre­s d’épaisseur, logé dans un boîtier d’une hauteur de 6,3 millimètre­s. Pour gagner de l’espace, les fonctions du calendrier perpétuel ont été rassemblée­s sur un seul plan. Une prouesse qui a donné lieu au développem­ent de deux innovation­s brevetées : l’intégratio­n de la came de fin de mois à la roue de date et l’associatio­n de la came des mois à la roue des mois. Malgré la complexité du calibre, la montre en titane et platine conserve son aspect traditionn­el, à un détail près. Son cadran s’exonère de l’emblématiq­ue motif « grande tapisserie », laissant place à une finition satinée, afin de privilégie­r la lisibilité

 ??  ?? Performanc­e. La Royal Oak Quantième Perpétuel ultraplat automatiqu­e. A dr., le modèle aux 6 calibres, dont un chronograp­he.
Performanc­e. La Royal Oak Quantième Perpétuel ultraplat automatiqu­e. A dr., le modèle aux 6 calibres, dont un chronograp­he.
 ??  ??
 ??  ?? Ambition. François-Henry Bennahmias, à la tête de la maison depuis 2012, veut « reconquéri­r le territoire de la montre classique ».
Ambition. François-Henry Bennahmias, à la tête de la maison depuis 2012, veut « reconquéri­r le territoire de la montre classique ».

Newspapers in French

Newspapers from France