Assurance auto : les femmes pénalisées
Sur les dix dernières années, les femmes ont vu leurs primes bondir de 25 %, tandis que les hommes n’ont enregistré qu’une progression de 13 %.
L’égalité n’a pas que du bon. En 2013, l’Europe a décidé de supprimer l’utilisation du sexe dans la tarification des assurances auto. La Cour de justice des communautés européennes a en effet jugé ce critère discriminatoire dans un arrêt du 1er mars 2011 et en a interdit l’usage à compter du 21 décembre 2012. Jusqu’à cette date, les femmes bénéficiaient d’un tarif moins élevé du fait de leur meilleur comportement au volant. A profil identique, elles payaient en moyenne 12 % de moins que les hommes, 3 % de moins si elles n’avaient pas eu d’accident et 24 % de moins si elles étaient de jeunes conductrices, selon l’étude menée par le site de comparateur d’assurances Assurland.com. Ces 12 % sont aujourd’hui répartis : les primes versées par les femmes ont augmenté de 6 %, tandis que celles acquittées par les hommes ont baissé de 6 %. Résultat sur dix ans, compte tenu de l’évolution du coût de l’assurance (+ 19 % depuis dix ans, selon l’indice Ipap compilé par Assurland.com) : « Les femmes ont vu leurs primes bondir de 25 %, tandis les hommes n’ont enregistré qu’une progression de 13 %, explique Stanislas Di Vittorio, fondateur du site Assurland.com. Toutes choses égales par ailleurs car, en dix ans, la sinistralité peut évoluer et un jeune conducteur peut devenir plus expérimenté. » Bonne nouvelle ! Pour Assurland, les tarifs des assurances auto devraient rester quasiment stables en 2020 après une augmentation moyenne de 2 % en 2019. Moins optimiste, le cabinet de conseil spécialisé Facts & Figures estime la hausse entre 1 et 2 % et Actuaris anticipe une progression de 1,5 à 2 %. L’explication : le nombre d’accidents continue de diminuer. Ainsi, la fréquence des accidents corporels a baissé de 12 % depuis dix ans, celle des accidents matériels de 23 %, selon Facts & Figures. En contrepartie, le coût des réparations a augmenté de 4,8 % en moyenne en raison de l’envolée du prix des pièces détachées (+ 6,3 % pour les pièces de rechange) et de la sophistication plus grande des véhicules. Parallèlement, le montant des indemnisations versées aux victimes progresse. Le coût moyen des sinistres corporels a ainsi explosé : + 50 % en huit ans, soit une moyenne de 5 % par an. La possibilité offerte par la loi Hamon depuis 2015 de changer d’assureur dès lors qu’un an s’est écoulé depuis la souscription du contrat modère les progressions, concurrence oblige. « Les Français changent d’assurance en moyenne tous les cinq ou six ans. C’est un an de moins qu’auparavant », constate Stanislas Di Vittorio. Surtout, l’assurance auto est souvent considérée par les assureurs comme un produit d’entrée leur permettant ensuite de proposer d’autres couvertures de risques à leurs clients.
La Maif annonce une augmentation moyenne des tarifs d’assurance auto de 1,25 %, hors effet bonus-malus, tandis que la Maaf prévoit de ne pas augmenter les siens pour ses 2 millions de clients déjà assurés
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