Le cauchemar Evergreen
C’est l’histoire d’un naufrage, devenu le symbole de ce qu’une idéologie peut produire de plus sombre. L’université d’Evergreen, dans l’Etat de Washington, a basculé en quelques semaines d’un noble combat contre les discriminations à une chasse aux sorcières des plus affolantes. Depuis les années 1970, l’université organisait une « journée de l’absence », durant laquelle les étudiants noirs quittaient le campus afin de mettre en évidence la place qu’en temps normal ils y tenaient. En 2017, la « journée de l’absence » prend un nouveau tour : ce sont cette fois les Blancs qui sont priés de ne pas mettre les pieds sur le campus. Un professeur de biologie s’en émeut : « Il y a une grande différence, explique Bret Weinstein dans une lettre à une collègue, entre un groupe qui décide volontairement de s’absenter d’un espace commun afin de mettre en évidence son rôle vital et sous-estimé, et un groupe qui encourage un autre groupe à s’en aller. (…) C’est une démonstration de force et un acte d’oppression. » L’homme est un progressiste, soutien de Bernie Sanders, ses engagements sont connus. Mais le courrier, rendu public, est jugé raciste par les activistes de l’université. Bret Weinstein est chahuté, insulté, menacé même. Désavoué par sa direction, il finit par démissionner. Faut-il redouter de telles dérives collectives en France ? Les militants hexagonaux pour la liberté d’expression sur les campus gardent, tous, le cas en tête
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