Leçon 6 :
institutions doivent être réformées pour devenir plus inclusives. Le populisme n’est pas mauvais en soi, car il est bon que les gouvernements servent leur peuple, mais il faut combattre les dérives démagogiques.
Constat 7 : le dysfonctionnement de la démocratie
En dispensant son cours de politique américaine, Thomas Patterson se félicite que la présidence de Donald Trump aide ses étudiants à comprendre des éléments clés de la démocratie, « par exemple le rôle de la justice ou l’importance d’organiser des contre-pouvoirs constitutionnels ». Il en va de même des normes démocratiques, comme la tolérance ou le respect de l’opposition, héritées de la tradition mais non inscrites dans la Constitution. « Ronald Reagan ou Barack Obama respectaient ces normes, dit Patterson. Du coup, on ne s’en apercevait même pas. Mais Trump, en les négligeant, montre a contrario combien elles sont nécessaires pour préserver la cohésion de la société. » Leprofesseurprendl’exemple des migrants clandestins. « Leur présence est illégale; la loi doit leur être appliquée. Mais il y a aussi des normes sur la façon dont on les traite en tant qu’êtres humains, dont on respecte leur dignité. Lorsque ces normes sont négligées, le tissu de la société se défait, la démocratie s’érode. »
L’historien Alex Keyssar pointe des dysfonctionnements plus institutionnels : « La réalité du pouvoir à Washington est au Sénat et à la Maison-Blanche. Or le Sénat est une institution non démocratique. » Chaque Etat a deux représentants : la Californie, avec 40 millions d’habitants, pèse autant que le Wyoming, dont la population est 80 fois inférieure. Résultat, dit-il, « des Etats qui représentent 15 % de la population peuvent tout bloquer. Dans un système ultrapolarisé,