Que se passe-t-il au royaume de Saint-Gobain ?
Le géant français a perdu les faveurs de la Bourse en dépit de ses succès industriels. Comment séduire à nouveau quand on a 354 ans ? Explications.
De l’énorme four rougeoyant chauffé à 1 600° C sort un tapis de verre transporté par des rouleaux sur des dizaines de mètres avant d’être refroidi dans un tunnel, puis coupé en larges plaques stockées à la verticale dans un immense hangar. L’usine Chantereine de Saint-Gobain, pas très loin de Compiègne, produit de 500 à 600 tonnes de verre par jour et tourne nuit et jour depuis 2001. Saint-Gobain possède 35 usines semblables dans le monde, des float glass qui fabriquent des verres, épais ou fins, opaques ou clairs, striés ou lisses, que l’on retrouve ensuite sur des bâtiments prestigieux comme le Lakhta Center, à Saint-Pétersbourg, la plus haute tour d’Europe, ou bien le futur siège du groupe, à la Défense.
Le verre chez Saint-Gobain, c’est aussi des vitres pour autos, poids lourds, tracteurs, avions, hélicoptères, TGV… Depuis que Colbert a fondé, en 1665, dans le faubourg Saint-Antoine, à Paris, la Manufacture royale des glaces pour concurrencer les Vénitiens, Saint-Gobain n’a fait que renforcer ses positions. Aujourd’hui, il est numéro deux mondial dans le verre, qui représente encore près de 30 % de la production industrielle d’un groupe dont la palette s’est élargie à bien d’autres spécialités du bâtiment, comme l’isolation, la plaque de plâtre, les mortiers, les revêtements de façade… « Nous sommes champions du monde dans plein de métiers », déclare fièrement Benoît Bazin, numéro deux du groupe.
Et pourtant… Pourtant, quelque chose cloche. L’action Saint-Gobain a tout juste retrouvé son cours d’il y a dix ans et elle est sortie l’an dernier de l’Euro Stoxx 50, qui liste les grandes valeurs européennes. « Pourquoi, se demande le
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