Le Point

L’art de redescendr­e du podium

De la compétitio­n aux affaires, ils ont suivi les bonnes pistes. Focus sur quelques-unes des plus belles success storys des Alpes.

- PAR JULIE MALAURE

«Le jour où j’ai arrêté la compétitio­n, je me suis retrouvée seule dans ma chambre et je me suis demandé : “Que vais-je faire demain ? ” » Celle qui évoque sans fard le tournant abyssal de la reconversi­on, c’est la discrète Annie Famose, double médaillée aux Jeux olympiques de Grenoble en 1968. Comment, en effet, réinventer une existence jusqu’alors consacrée à la compétitio­n ? Le basketteur Tony Parker vient de racheter une station de ski dans le Vercors, Carole Merle élève des chevaux en Camargue, Edgar Grospiron est devenu conférenci­er.

Annie Famose, elle, se trouve aujourd’hui, avec son fils et sa fille, à la tête d’un véritable empire financier. Le groupe qui porte son nom est actionnair­e majoritair­e de 900 magasins franchisés Skiset en Europe et aux Etats-Unis. Elle est également actionnair­e de 45 magasins Skishop, propriétai­re de 10 magasins de ski et de 12 restaurant­s à Avoriaz, au sein notamment des résidences Pierre &Vacances, de 6 autres à Saint-Tropez, dont 2 pilotés par le chef étoilé Eric Frechon et de 3 à Biarritz, dont le Blue Cargo. En outre, elle siège au conseil d’administra­tion de l’Olympique lyonnais, préside l’office du tourisme d’Avoriaz, où la skieuse, devenue redoutable femme d’affaires, a également ouvert, il y a quarante ans, l’école de ski Village des enfants, un concept d’apprentiss­age ludique de la glisse, décliné au Japon en 2008. Une réussite spectacula­ire pour cette Killy au féminin, qui a dû, dans cette « petite mort », comme disent certains athlètes de haut niveau, accepter de renoncer à sa passion, de quitter le cocon de l’équipe de France, pour renaître à autre chose.

« On sait bien qu’un jour ça va s’arrêter, mais on vient de vivre dix ans où tout est pensé et organisé à notre place », confie une autre championne, Christine Goitschel, qui, comme Marielle, sa cadette, a gravi le podium des JO d’Innsbruck en 1964. Son nom reste aujourd’hui associé à la plus haute station des Trois Vallées, ValThorens, où Christine a ouvert une dizaine de magasins de ski. « Ma génération a eu la chance de démarrer à la période de l’“or blanc” », dit-elle. Le plus grand domaine skiable du monde que vont devenir les Alpes est alors presque vierge. Tout reste à faire. Une chance pour la plupart des médaillés de cette époque. « Parce que le ski, c’est la seule chose qu’on savait faire », confesse Goitschel. Comme Henri Duvillard. Champion du monde deux hivers d’affilée, il a implanté ses trois magasins dans la station huppée de Megève, « pour se stabiliser », précise-t-il. Son nom est devenu de surcroît une marque de vêtements de ski associée à un fabricant lyonnais, toujours diffusée.

Pour l’aînée des Goitschel, comme pour Famose, le démarrage reste modeste : une échoppe spécialisé­e au coeur de ValThorens, alors à ses balbutieme­nts. « Deux ou trois remonte-pentes, pas de médecin, pas d’épicerie », se souvient-elle. Sans gloire mais d’une excitation folle, ce que Goitschel retient de ce changement radical de cap, c’est « l’esprit d’aventure qui animait les pionniers », ceux qui étaient « assez fous pour venir là-haut ». Au mot « pionnier », on pense au pape des traceurs de pistes: Emile Allais. Le doyen. Triple champion du

Rando de nuit

Chaque semaine, l’Echappée rando permet de pratiquer le ski de randonnée en nocturne, encadré par des profession­nels. La balade est suivie d’un buffet convivial. Concept primé au Mountain Events Award (20 €, 04.50.58.60.49, https://hiver.combloux.com).

Speed riding

 ??  ?? Jean-Claude Killy, Emile Allais et Henri Duvillard (de g. à dr.), à Val-d’Isère, en 1961.
Jean-Claude Killy, Emile Allais et Henri Duvillard (de g. à dr.), à Val-d’Isère, en 1961.

Newspapers in French

Newspapers from France