Quand la gauche veut licencier ses détracteurs
On peut juger déplacée la sortie d’Alain Finkielkraut l’autre soir sur LCI. Interrompant, excédé, Caroline De Haas, qui lui reprochait sa position indulgente dans l’affaire Roman Polanski – une façon de
« banaliser la réalité du viol », selon elle –, le philosophe a lancé : « Violez, violez ! Voilà, je dis aux hommes : violez les femmes ! D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs… » La phrase de Finkielkraut était tellement outrancière qu’il parlait à l’évidence au second degré. Ce style de pirouette sémantique est de plus en plus mal toléré sur les tatamis médiatiques, comme l’a montré Didier Pourquery dans son délicieux livre « En finir avec l’ironie ? » (Robert Laffont).
Pour preuve, plusieurs milliers de signataires d’une pétition l’accusent de « faire l’apologie du viol ». Selon eux, ses déclarations ne relèvent pas d’une opinion qu’il conviendrait de contredire avec des arguments, mais d’un « délit » passible, rappellent-ils, de « cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ». L’accusation ainsi formulée, ils prononcent leur sentence : « Retrait d’Alain Finkielkraut de nos ondes. » Un comble pour ceux qui d’habitude dénoncent les licenciements « abusifs » et la violence du capitalisme.
Il en est ainsi de l’évolution du débat d’idées dans notre pays. Première étape : criminalisation des idées qui ne sont pas les nôtres.
En cas de persistance du mal, obstruction des débats où elles pourraient s’exprimer. Si malgré les barricades elles demeurent dans le cerveau malade de quelques esseulés, il suffit de leur couper les vivres à défaut de la tête. Voilà donc l’argument ultime des nouveaux censeurs. Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Je ne chercherai même pas à vous contredire. Je vais m’employer à vous faire perdre votre boulot. Sans entretien préalable. Le droit social ? Pas pour mes ennemis. Travailleurs de tous les pays, unissez-vous contre ces nouveaux exploiteurs à la susceptibilité épidermique ! Souvenons-nous de la phrase du révolutionnaire Proudhon : « Ironie, vraie liberté »
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