L’affaire du déjeuner
En novembre 2014, Antoine Gosset-Grainville fait la une de l’actualité, bien malgré lui. Le sujet ? Un déjeuner qui s’est tenu quelques mois plus tôt au Pavillon Ledoyen, réunissant François Fillon et Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire général de l’Elysée de François Hollande. AGG est l’ami de Jean-Pierre Jouyet depuis longtemps ; ils sont tous deux inspecteurs des Finances, fans de foot et anciens de la Caisse des dépôts et consignations. Les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme accusent, dans leur livre « Sarko s’est tuer » (Stock), l’ancien Premier ministre d’avoir demandé à Jouyet de faire accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy. Dans un premier temps, Fillon, Jouyet et Gosset-Grainville démentent. Mais les journalistes, qui avaient enregistré leur conversation avec Jouyet, maintiennent les faits. Jouyet change alors de version : Fillon aurait en effet évoqué l’affaire Bygmalion et soulevé la question de la
défaite au premier tour de ■ l’élection ont définitivement mis sous le tapis ses fantasmes d’Elysée. Pendant des mois, dans son bureau, AGG conservera un tee-shirt offert par un ami taquin : « J’ai survécu à la présidentielle de 2017. »
Pas de longue déprime pour Gosset-Grainville, qui revient chez BDGS quelques jours plus tard. Pour le cabinet, l’absence de l’un des associés fondateurs, l’affichage d’une préférence politique, cela se surmonte, mais cela s’apparente plus à un nid à problèmes qu’à un argument commercial. Si Gosset-Grainvillerevientébranléintérieurement, il n’en montre rien. En outre, il connaît bien le camp des vainqueurs. Il est même un des rares dans le très proche entourage de Fillon qui a réussi à demeurer à tu et à toi avec Macron. Sans rancune. La preuve : quinze jours après l’élection régularité du paiement des pénalités réglées par l’UMP pour le dépassement des dépenses de campagne de Sarkozy. Mais il ajoute : « J’ai fait part à mes interlocuteurs du fait que la présidence de la République ne pouvait rien s’agissant de cette procédure relevant de la justice. » De leur côté, Fillon et Gosset-Grainville nient à nouveau la teneur de cet entretien, l’ex-Premier ministre se disant victime d’un « complot ». Fillon poursuit en diffamation Davet, Lhomme et Jouyet. Il sera débouté. Pour AGG, cette histoire démontre bien qu’il est parfois vraiment compliqué d’être ami avec tout le monde
■
de Macron, AGG déjeune avec Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée. Le président de la République et Gosset-Grainville, ça remonte à la commission Attali, dont Macron est le rapporteur adjoint, à l’automne 2007. « Emmanuel Macron sollicite un rendez-vous auprès de moi, raconte AGG. Je ne réponds pas tout de suite. Je discute avec François Pérol et Stéphane Richard et on se rend compte qu’il a demandé rendez-vous à chacun d'entre nous. Alors, on se dit que ce petit gars de l’Inspection générale des finances, on va le recevoir tous les trois ensemble. Macron nous interroge, au sujet de la commission : “Avez-vous des idées ? des pistes à creuser ?” Il était tout jeune. Il était brillant, avait un incroyable culot.» AGG est impressionné, il revoit Macron souvent. Quand il quitte Matignon, il lui propose même de le remplacer auprès de Fillon. Le
Au printemps 2019, il a été désigné pour effectuer une mission impossible, le rabibochage de frères ennemis du CAC 40 : Scor et Covéa.
Il n’y a pas que dans les centrales d’EDF qu’on trouve des réacteurs nucléaires. TechnicAtome, filiale de l’Agence des participations de l’Etat (50,3 %), de Naval Group (20,3 %), du CEA (20,3 %) et d’EDF (9 %), conçoit et réalise des réacteurs de propulsion embarqués, notamment dans les navires de la marine nationale (sous-marins, porte-avions « Charles-de-Gaulle »…). La société fabrique aussi le combustible et participe à plusieurs programmes de recherche, tel le réacteur Jules-Horowitz du CEA, à Cadarache. Partenaire d’EDF dans la construction des réacteurs EPR à Hinckley Point (Royaume-Uni), TechnicAtome vient d’annoncer sa participation à la mise au point d’un petit réacteur (dit SMR), qui pourrait préfigurer l’avenir du nucléaire. Elle emploie 1 600 salariés et a réalisé, en 2018, un chiffre d’affaires de 398 millions d’euros (372 millions en 2017). Ancien d’ADP et de Vinci puis conseiller à Matignon de 2014 à 2017, Loïc Rocard (47 ans, Polytechnique et Ponts), fils de l’ancien Premier ministre socialiste, est le PDG de TechnicAtome depuis mai 2017, date à laquelle la société est sortie du giron d’Areva. Olivier Huet (49 ans, ingénieur des Arts et Métiers, MBA de l’Insead) est le directeur général adjoint, responsable des sujets de qualité, sûreté, sécurité et soutien aux opérations. Bernard Gauducheau (61 ans, Supélec, Institut national des sciences et techniques nucléaires) a fait toute sa carrière dans le domaine de la propulsion navale nucléaire ; il est le directeur des réacteurs de défense depuis 2011. Le chef de projet du réacteur de Cadarache, Thierry Grenier (55 ans, Centrale Paris), est le directeur des infrastructures et réacteurs civils. Responsable de l’établissement d’Aix-en-Provence, Jean-Noël Vernay (58 ans, ingénieur des Arts et Métiers) occupe aussi la fonction de directeur de l’ingénierie. Christian Ratié (65 ans, ENSEEIHT) dirige la technique et l’innovation, et Rémi Clamens (52 ans, Institut national des sciences et techniques nucléaires), l’exploitation et les opérations, en plus d’être le directeur de l’établissement de Cadarache. Benoit Desforges (36 ans, Polytechnique et Ponts) est directeur du développement et de la stratégie et responsable de l’établissement de Saclay. Enfin, Jean Merveilleux du Vignaux (48 ans, DESS de marchés de capitaux à Paris-Dauphine) est directeur financier et juridique, Marc Goussal (47 ans, IAE de Tours), responsable des ressources humaines et Anne GuichardGrosnon (52 ans, Sciences po et Celsa), directrice de la communication
■