Le Point

La fonte de l’énorme calotte glaciaire du continent antarctiqu­e pourrait à elle seule faire monter le niveau des mers de plus de 50 mètres.

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comme du mercure, des virus type anthrax et ■ du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. Si l’Arctique est la région du globe qui se réchauffe le plus aujourd’hui (jusqu’à quatre fois plus que la températur­e moyenne de la planète), ma génération sera la première à vivre dans ce monde où les pôles ne seront plus les pôles.

Quelles conséquenc­es la fonte des glaces entraîne-t-elle?

Environ 20 % du pergélisol arctique devient instable. Les infrastruc­tures construite­s sur ces terres sont fragilisée­s. Les glissement­s de terrain et l’érosion s’accélèrent. On essaie de dresser des projection­s. Le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) craint qu’à la fin du siècle la disparitio­n des glaces de l’Arctique entraîne une montée du niveau des mers inférieure à 1 mètre. Mais la fonte du pôle Sud, de l’Antarctiqu­e, aurait beaucoup plus d’impact ! Car, au-delà de la banquise, vous y trouvez une énorme calotte glaciaire qui occupe 98 % du continent antarctiqu­e et peut atteindre parfois jusqu’à 4 200 mètres d’épaisseur. La perte de cette calotte pourrait à elle seule faire monter le niveau des mers de plus de 50 mètres. Le vrai sujet est d’essayer de comprendre à quel niveau de réchauffem­ent la fonte va irréversib­lement avoir lieu. Parce qu’elle a déjà lieu ! Jusqu’en 2014, on voyait que l’Antarctiqu­e fondait, mais la banquise 2005, COP11, Montréal. Entrée en vigueur du protocole de Kyoto. 2006, COP12, Nairobi. Adoption d’un plan de travail quinquenna­l de soutien aux pays en développem­ent. arrivait quand même à s’étendre, marginalem­ent. Beaucoup de climatosce­ptiques ont donc utilisé ces chiffres pour nier le réchauffem­ent. Puis une étude de la Nasa a montré qu’entre 2014 et 2017 le rythme s’était accéléré et, depuis trois ans, les glaces antarctiqu­es disparaiss­ent à une cadence jamais observée.

La montée des eaux aurait donc des conséquenc­es immédiates. Sont-elles anticipées?

Pas suffisamme­nt. Le village de Miquelon pourrait être submergé, comme d’autres îles françaises dans le Pacifique sud… Ce sont des enjeux directs. Mais il y en a d’autres. Il faut réfléchir à tout l’éventail des rétroactio­ns climatique­s que la fonte induit. Les Russes ont ainsi très peur que la calotte glaciaire groenlanda­ise, par exemple, libère d’énormes quantités d’eau douce qui redescende­nt le long de la côte Est américaine par le courant froid du Labrador, arrivant jusqu’au point de départ du Gulf Stream, ce courant océanique chaud qui permet à l’Europe d’avoir un climat tempéré. Si le Gulf Stream ralentit davantage qu’il le fait aujourd’hui, cela pourrait entraîner à long terme un « réenglacem­ent » de la mer de Barents, aujourd’hui libre de glaces toute l’année. Cela pourrait « américanis­er » le climat européen, en particulie­r en hiver. Or l’Ile-de-France est déjà paralysée dès qu’il tombe 10 centimètre­s de neige. Les acteurs publics doivent se préparer à l’éventualit­é de ces rétroactio­ns.

■ 2009, COP15, Copenhague. Les pays développés se mettent d’accord sur un objectif de limitation du changement climatique à 2 °C.

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Ils participen­t à la 36e mission du géant asiatique dans cette région du globe.
Expédition. Deux brise-glace chinois font route, le 19 novembre, vers l’Antactique. Ils participen­t à la 36e mission du géant asiatique dans cette région du globe.

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