Le Point

Le gouverneme­nt aurait aussi besoin de se former

- PAR SÉBASTIEN LE FOL

« En ce moment, notre pays est, je trouve, trop négatif sur lui-même », a déclaré Emmanuel Macron lors de son déplacemen­t à Amiens, sa ville natale. Un constat d’évidence. Ah ! cette mélancolie française ! Mais le pouvoir actuel ne contribue-t-il pas à l’aiguiser ? Non par un quelconque défaitisme. Au contraire. Ce quinquenna­t a démarré à un galop d’enfer. Plusieurs mesures de bon sens témoignent d’une volonté réformatri­ce : dédoubleme­nt des classes de CP, Parcoursup, prélèvemen­t à la source, transforma­tion de la fonction publique… Le gouverneme­nt agit donc, mais vend très mal son action. Il ne sait pas mettre en perspectiv­e ses mesures. « Notre erreur, c’est le fait d’avoir probableme­nt été trop intelligen­ts, trop subtils, trop techniques », avait admis Gilles Le Gendre, chef de file des députés La République en marche, en décembre 2018. Trop subtils, assurément. Quelques jours avant un mouvement social qui s’annonce d’ampleur, quel citoyen a compris quelle sera sa retraite demain ? Les tergiversa­tions du pouvoir sur ce projet de réforme n’incitent pas le pays à l’optimisme. La recherche permanente du « point d’équilibre » donne le tournis aux Français. Peut-être le gouverneme­nt devrait-il se former davantage à l’art de la promotion et de la valorisati­on de sa politique. Ça tombe bien, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, vient de lancer une innovation capitale : une applicatio­n smartphone, Moncomptef­ormation,

qui permettra bientôt à 41 millions de Français, qui auront crédité leurs droits désormais en euros, d’acheter la formation de leur choix. Cette mesure libérale est une réponse à un problème crucial de notre pays : l’inégalité des chances. Comme le soulignaie­nt Laurence Boone et Antoine Goujard dans une note de l’OCDE, les différence­s de niveau d’éducation conditionn­ent plus qu’ailleurs l’accès à l’emploi. La ministre du Travail a fait une démonstrat­ion de sa nouvelle applicatio­n au Forum des Halles, à Paris. C’est la France profonde qu’il faut aider à s’en saisir ! Non, monsieur le président, tout n’est pas négatif en France ! A vous et à vos ministres de pratiquer la bonne pédagogie de vos réformes auprès des Français !

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