Audrey Dufeu Schubert : « Lutter contre l’âgisme »
Les personnes âgées sont entourées de «stéréotypes», dites-vous. Lesquels? Audrey Dufeu Schubert :
Le vieillissement est trop souvent associé à la maladie et à la peur de la mort. Il faut changer cette image culpabilisante. Il faut combattre toutes les petites discriminations liées à l’âge. Par exemple, les discriminations sur les services bancaires : les banques refusent les prêts aux personnes âgées alors qu’elles peuvent avoir une longue espérance de vie. Le 4e âge n’est pas obligatoirement une bombe à retardement. Si on anticipe, c’est une nouvelle vie à réinventer.
Vous proposez 85 mesures à Edouard Philippe. Quelles sont les trois principales?
Il faut d’abord démédicaliser l’approche du vieillissement et mieux intégrer les personnes âgées dans la ville. Je propose de créer des pairs citoyens qui accompagneraient les personnes âgées, issus des multiples associations existantes qu’il faut mieux coordonner au niveau départemental et mobiliser en direction du 4e âge. Ensuite, au niveau communal, il faut instituer un pacte local de la longévité systématique. Typiquement, quand cela sera fait, peut-être que les bancs publics seront réintégrés dans les villes. Ils n’ont pas été enlevés pour nuire aux personnes âgées, mais, de fait, cet environnement urbain hostile les assigne à résidence.
Et, au niveau national, vous voulez renforcer une structure existante?
La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie a été créée après la canicule de l’été 2003 pour gérer les 2,3 milliards d’euros provenant de la journée de solidarité envers les personnes âgées. Je propose de lui adjoindre une Agence de la transition démographique pour guider toutes les politiques futures touchant le 4e âge, en accord avec les deux autres changements majeurs qui s’imposent : la transition numérique et la transition écologique.
Audrey Dufeu Schubert
Députée LREM de LoireAtlantique. Autrice, à la demande du Premier ministre, d’un rapport sur le 4e âge.
En Italie, les migrants sont très fréquemment les nouveaux aidants des personnes dépendantes. Cette initiative est-elle envisageable en France?
Je pense que, si on traite le vieillissement sous l’angle de la transition démographique, la question de l’immigration se pose. Les services d’aide à domicile des personnes âgées sont sous tension et peinent à recruter. Cette Agence de la transition peut s’intéresser sérieusement à cette filière potentielle
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