Le Point

Le palmarès qui fait (encore) très mâle

Pour la deuxième fois, Le Point a quantifié la présence des femmes au comité exécutif des grandes entreprise­s. Le résultat est affligeant.

- PAR MARIE BORDET ET BEATRICE PARRINO

Nous voici dans la peau d’un maître d’école qui s’apprête à appeler le(s) cancre(s) de la classe au tableau. Armé de notre classement exclusif fait maison sur la féminisati­on des comités exécutifs des 120 plus grandes entreprise­s françaises cotées en Bourse (SBF 120), Le Point a interrogé celles qui ne comptent aucune femme au sein de leur direction générale. Le résultat se révèle, il faut bien l’avouer, assez comique tant nos interlocut­eurs ont fait preuve d’ingéniosit­é pour trouver des excuses à leur état-major 100 % masculin.

1) La réponse mauvaise foi : oui, d’accord mais… «Stricto sensu, oui, vous avez raison, nous sommes mauvais dans ce domaine. Mais… le groupe est très décentrali­sé et le comité exécutif n’est pas représenta­tif du tout.» Ou encore : «Je dirais que ce classement n’est pas faux, mais qu’il est un peu injuste par rapport à la réalité. En effet, nous avons beaucoup de femmes qui occupent des responsabi­lités importante­s, mais cela ne se voit pas si l’on ne prend que le comex. »

2)La réponse politique-fiction: attendez un peu pour publier votre palmarès, s’il vous plaît, car une nouvelle ère (beaucoup plus féminine, évidemment) est proche. « Bon, je vous le dis en off, car l’informatio­n n’est pas encore officielle. Dans notre comité exécutif, cela va fortement bouger dans les prochains jours. » Et : « Oui, oui, c’est en cours, on va nommer une femme qui arrivera début janvier. »

3) La réponse laissée aux bons soins d’un avocat : l’envoi d’un mail sec et formel qui délivre la « position de l’entreprise sur le sujet de la féminisati­on des entreprise­s, notamment aux postes de direction ». Le contenu ? Une avalanche de chiffres destinés à prouver que les femmes occupent une place importante dans la société en question, même s’il ne s’agit pas des toutes premières places, donc. Où l’on découvre un tir nourri d’indicateur­s, le top 100, la « part des femmes dans le management », la « part des femmes dans les comités de direction groupe », l’index de l’égalité femmes-hommes, etc.

Mais, et Le Point n’en démordra pas, notre palmarès se fonde sur un seul critère: la présence (ou l’absence) de femmes dans les états-majors des plus grandes sociétés françaises. Pourquoi cet unique critère ? Parce que ce sont bien les comités exécutifs, dont le nombre de membres varie entre 3 et 21 personnes, qui gèrent les affaires au quotidien et concentren­t tous les pouvoirs. Ces instances, dont le nom peut parfois varier (comité managérial, direction exécutive, comité stratégiqu­e… font

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