Le palmarès qui fait (encore) très mâle
Pour la deuxième fois, Le Point a quantifié la présence des femmes au comité exécutif des grandes entreprises. Le résultat est affligeant.
Nous voici dans la peau d’un maître d’école qui s’apprête à appeler le(s) cancre(s) de la classe au tableau. Armé de notre classement exclusif fait maison sur la féminisation des comités exécutifs des 120 plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse (SBF 120), Le Point a interrogé celles qui ne comptent aucune femme au sein de leur direction générale. Le résultat se révèle, il faut bien l’avouer, assez comique tant nos interlocuteurs ont fait preuve d’ingéniosité pour trouver des excuses à leur état-major 100 % masculin.
1) La réponse mauvaise foi : oui, d’accord mais… «Stricto sensu, oui, vous avez raison, nous sommes mauvais dans ce domaine. Mais… le groupe est très décentralisé et le comité exécutif n’est pas représentatif du tout.» Ou encore : «Je dirais que ce classement n’est pas faux, mais qu’il est un peu injuste par rapport à la réalité. En effet, nous avons beaucoup de femmes qui occupent des responsabilités importantes, mais cela ne se voit pas si l’on ne prend que le comex. »
2)La réponse politique-fiction: attendez un peu pour publier votre palmarès, s’il vous plaît, car une nouvelle ère (beaucoup plus féminine, évidemment) est proche. « Bon, je vous le dis en off, car l’information n’est pas encore officielle. Dans notre comité exécutif, cela va fortement bouger dans les prochains jours. » Et : « Oui, oui, c’est en cours, on va nommer une femme qui arrivera début janvier. »
3) La réponse laissée aux bons soins d’un avocat : l’envoi d’un mail sec et formel qui délivre la « position de l’entreprise sur le sujet de la féminisation des entreprises, notamment aux postes de direction ». Le contenu ? Une avalanche de chiffres destinés à prouver que les femmes occupent une place importante dans la société en question, même s’il ne s’agit pas des toutes premières places, donc. Où l’on découvre un tir nourri d’indicateurs, le top 100, la « part des femmes dans le management », la « part des femmes dans les comités de direction groupe », l’index de l’égalité femmes-hommes, etc.
Mais, et Le Point n’en démordra pas, notre palmarès se fonde sur un seul critère: la présence (ou l’absence) de femmes dans les états-majors des plus grandes sociétés françaises. Pourquoi cet unique critère ? Parce que ce sont bien les comités exécutifs, dont le nombre de membres varie entre 3 et 21 personnes, qui gèrent les affaires au quotidien et concentrent tous les pouvoirs. Ces instances, dont le nom peut parfois varier (comité managérial, direction exécutive, comité stratégique… font
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