Le Point

Une femme = un alibi

-

Rosabeth Moss Kanter, professeur en management des entreprise­s à Harvard, a rethéorisé, dans un article célèbre paru en 1977, le statut de femme alibi (« token woman », en anglais). Elle explique que le fait d’être l’unique représenta­nt d’un groupe social, ethnique ou de genre (en l’occurrence, une femme) a finalement pour conséquenc­e une exagératio­n des caractéris­tiques du groupe majoritair­e (les hommes). Il faut atteindre une certaine masse critique. Pour Kanter, on sort du schéma de « personne alibi » lorsque le rapport minorité-majorité se situe au-dessus de 15 à 20 %.

Ce frein à l’entrée de femmes dans le cénacle le plus puissant des sociétés semble d’autant plus anachroniq­ue qu’il est maintenant prouvé que les entreprise­s plus féminisées affichent de meilleures performanc­es. Sur un échantillo­n de 300 entreprise­s dans le monde, celles qui comptent le plus de femmes dans leur comité exécutif sont à 47% plus rentables que celles qui n’en ont aucune, selon l’étude Women Matter-Time to Accelerate réalisée par McKinsey en 2017.

« Les dirigeants disent souvent qu’ils n’ont pas encore à leur dispositio­n de femmes suffisamme­nt compétente­s pour les nommer tout en haut de la hiérarchie. Premièreme­nt, c’est souvent faux. Deuxièmeme­nt, c’est justement le jour où des femmes incompéten­tes seront nommées à des postes importants qu’elles auront gagné ! Car les hommes incompéten­ts à des postes de pouvoir, on le sait, il y en a plein », explique un… homme qui, prudent, préfère garder l’anonymat

Newspapers in French

Newspapers from France