Le Point

L’Afrique de « Madame »

- VALÉRIE MARIN LA MESLÉE

Extraordin­aire destin que celui d’Helena Rubinstein (1872-1965), née à Cracovie dans une famille de huit filles, dont elle était l’aînée. Une crème de beauté dans sa valise, elle conquiert le monde. La beauté ? Son mot d’ordre. Jusque dans sa passion de collection­neuse, où les oeuvres d’art africain tiennent une place toute particuliè­re. En 1966, un an après la mort de «Madame», 361 lots provenant du continent africain seront dispersés à New York. Evénement : Hélène Joubert, responsabl­e de l’unité patrimonia­le Afrique au musée du Quai Branly - Jacques-Chirac, a pu réunir 66 pièces de cet ensemble majeur. Dès son installati­on à Londres, en 1908, Helena Rubinstein découvre, par son voisin le sculpteur Jacob Epstein, ce qu’on nommait alors les « arts nègres » et guette pour lui les ventes quand elle est à Paris. Captivée à son tour, elle va peu à peu acquérir autant de chefsd’oeuvre incontesté­s – statue de reine bangwa, masques fang ou dan à couper le souffle, ensemble de cimiers – que de raretés : elle a le goût des séries – têtes funéraires Agni (Côte d’Ivoire) –, le tout âprement négocié ! L’exposition rend perceptibl­e le regard brûlant de Madame et raconte à la fois l’histoire d’une collection, d’une époque, d’une passion. Les amateurs y courront, mais, qu’on se le dise : par son format comme par son harmonie, ce parcours est une initiation idéale à l’art classique du continent africain. Le catalogue aussi

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