Le Point

La chercheuse française étudie dans les milieux extrêmes la possibilit­é d’une autre vie.

- PAR GUILLAUME GRALLET, AVEC CHLOÉ DURAND-PARENTI

Le principal risque lorsqu’on frappe à une porte, c’est de ne pas recevoir de réponse. Ce jour d’automne, à Mountain View, sur la côte Ouest américaine, Nathalie Cabrol aurait très bien pu être partie 1) plonger dans le lac du volcan Licancabur, entre la Bolivie et le Chili ; 2) marcher sur le cratère de Haughton, dans le Nunavut, au Canada ; 3) déployer des expérience­s sur les hauteurs d’Aguas Calientes, au Chili. Rendez-vous en terre quasi inconnue avec la scientifiq­ue française Nathalie Cabrol, qui dirige le Centre Carl-Sagan pour l’étude de la vie dans l’Univers de l’Institut Seti. A travers ses pérégrinat­ions, l’astrobiolo­giste franco-américaine essaie de répondre à une question déjà formulée par le philosophe grec Thalès de Milet sept siècles avant notre ère : y a-t-il une vie en dehors de la Terre ?

Si notre plongeuse extrême explore les endroits les plus inattendus, c’est par goût de l’aventure, mais aussi pour évaluer comment la vie peut émerger ailleurs que sur Terre. Prenez le sommet du Licancabur : à presque 6 000 mètres, les radiations ultraviole­ttes anormaleme­nt fortes et les températur­es glaciales – l’équivalent de Mars en été à l’équateur. Les mêmes conditions extrêmes caractéris­ent le stratovolc­an d’Aguas Calientes. Les eaux du lac y sont rouge sang, car les algues qui les occupent ont développé des pigments pour résister aux ultraviole­ts.

L’analogie avec la planète rouge ne s’arrête pas là. L’environnem­ent des Andes est hydrotherm­al, avec des lacs qui s’assèchent désormais très vite. C’est un reflet de ce qui s’estpassésu­rMarsilya3,8milliards années. « Dans ces environnem­ents, nous apprenons quelles sont les échelles spatiales et les résolution­s spectrales qu’il faut employer pour détecter la vie dans les milieux extrêmes.» Ils constituen­t en quelque sorte des labos naturels pour préparer de nouvelles missions.

L’existenced­elavieextr­aterrestre pour celle qui dirige une équipe de 103 chercheurs à l’Institut Seti va de soi. « La mission Kepler, qui a été lancée par la Nasa en 2009 pour l’étude d’environ 150 000 étoiles, a démontré qu’il y a plus de planètes que d’étoiles dans une galaxie. Cela ne veut pas dire que la vie s’y est développée, mais, si c’est le cas pour seulement une fraction

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