Un incroyable théâtre de papier !
On avait déjà follement aimé « Les riches heures de Jacominus Gainsborough », né l’an dernier de la palette virtuose de Rebecca Dautremer, aboutissement de vingt ans d’albums pour la jeunesse peuplés de silhouettes énigmatiques. L’histoire tout en retenue et pourtant bouleversante d’un petit lapin timide. « Midi pile » fait revenir ce personnage et subjugue d’emblée. Il vient d’ailleurs d’être couronné Pépite du livre illustré au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Il faut dire que l’objet est spectaculaire : 200 pages de papier découpé au laser, comme un petit théâtre ciselé. Cette série de scènes creusées dans le papier raconte l’avancée de la jolie Douce vers son rendez-vous avec Jacominus. Les minutes filent avec les pages, les paysages se complètent et se modifient, du très bucolique jardin de Douce au charmant village qu’elle traverse – avec son marché et ses rues pavées semées d’obstacles ou de rencontres – jusqu’au quai où son Jacominus l’attend sur un paquebot… Peu à peu, un doux suspense nous gagne. Arrivera-t-elle à temps ? Qu’a-t-il de si important à lui dire? Car, au-delà de la prouesse technique, il s’agit d’une histoire hautement poétique et émouvante, tissée de tendresse et d’attente. Cette chaude célébration du temps qui passe et qu’il faut savourer jusque dans les minuscules détails du quotidien saura parler à tous
■ « Midi pile », de Rebecca Dautremer
(Sarbacane, 210 p., 49,50 €).