Les stagiaires au pouvoir, épisode 2
« Les stagiaires », écrivions-nous, en mars 2019, à propos du pouvoir macronien. Les dysfonctionnements et les bourdes s’accumulaient alors au sommet de l’État. Stagiaires : le mot paraît presque aimable aujourd’hui, tant la macronie multiplie les erreurs. Le terme de « sous-doués » ne serait-il pas plus approprié pour qualifier les grosses boulettes de ces derniers jours ? C’est le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui, après avoir fait la couverture de notre dossier il y a un an, s’illustre à nouveau : le Conseil d’État vient de suspendre sa circulaire sur les élections municipales. C’est la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui, visiblement fâchée avec le droit, assimile la critique des religions à une « atteinte à la liberté de conscience ». Avant de reconnaître une maladresse… Enfin, c’est la majorité qui retoque une proposition (centriste) d’allonger de cinq à douze jours le congé des parents après la perte de leur enfant. Emmanuel Macron doit demander à ses troupes de « faire preuve d’humanité » ! À croire qu’en macronie même l’« humanité » serait d’essence présidentielle… Ces bévues à répétition affaiblissent le pouvoir. Les macronistes ont été en partie élus sur la promesse de gérer les affaires du pays, non en partisans, mais en professionnels. On allait voir ce qu’on allait voir : le destin de la France était trop sérieux pour être confié à des politiciens ignorants des réalités économiques et juridiques. Près de trois ans après la présidentielle, force est de constater qu’au gouvernement ce sont les « politiciens » issus de l’« ancien monde » qui tiennent la baraque. À quelques exceptions près… L’expertise constitue le socle de la crédibilité des macroniens. La rationalité est leur maître mot. Tels des saint-simoniens, ils portent en étendard la « rigueur scientifique » et la « sincérité intellectuelle ».
La réforme qu’ils promeuvent est aussi socioéconomique que mentale. Que cette belle mécanique intellectuelle se grippe et tout l’édifice présidentiel tremble. Le macronisme ne tolère pas l’amateurisme
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