Vers un tri des patients en France ?
Faute de moyens, des hôpitaux du nord de l’Italie sont confrontés au choix d’accepter ou non des patients en réanimation à partir d’une quinzaine de critères. La France n’en est pas là. Le pays compte 5 000 lits de réanimation, potentiellement 12 000 avec les moyens de l’armée et la transformation rapide de certains lits. Au 17 mars, les ressources en réanimation sont donc loin d’être saturées. Mais, en attendant le pic de l’épidémie, le sujet n’est pas écarté. Le Comité consultatif national d’éthique a publié un rapport recommandant la mise en place de « cellules éthiques de soutien » pour aider les soignants qui se retrouveraient dans cette situation.
Hormis le Covid-19, le « tri » des patients en réanimation est déjà une réalité. On ne s’acharne pas sur des malades à l’espérance de vie réduite, mais pas à cause d’un manque de moyens. « Nous avons déjà ces réflexions éthiques, des discussions collectives que nous menons avec les proches », explique le Pr Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Pour l’instant, l’épidémie de coronavirus ne change pas la donne, mais si les capacités ne suffisent plus dans quelques semaines ? « Nous inventerons. C’est justement pour éviter d’avoir à faire un jour de tels tris qu’il n’y a pas d’autres solutions que le confinement. »
■
choix qui plonge des milliers de familles italiennes dans l’angoisse, le gouvernement italien vient d’annoncer le déblocage de fonds finançant au plus vite un congé parental temporaire ainsi qu’un chèque baby-sitter de 600 euros mensuels.
Black-out touristique. Ces deux mesures sont issues d’un vaste plan d’urgence décrété par l’exécutif pour tenter de freiner la chute de l’économie italienne en pleine tempête du coronavirus. Sur la table, une première enveloppe de 25 milliards d’euros censée renforcer le service de santé, soutenir les entrepreneurs et surtout venir en aide à un secteur touristique transalpin aux abois. À Rome, avec les musées bouclés, les hôtels vides et les restaurants fermés, c’est tout un pan de l’économie (11 % du PIB régional) qui est à terre. « Du jour au lendemain, on n’a plus eu de travail », raconte ainsi Anne, guide au Colisée. Le black-out touristique frappe le secteur à l’un des pires moments, à quelques semaines des fêtes de Pâques, qui attirent d’ordinaire bon nombre de visiteurs italiens et étrangers dans les rues de la ville. C’est également le début des voyages scolaires.
Mais il en est pour qui le coronavirus n’est pas qu’une menace : les coursiers. Ils sont toujours là, attendant patiemment devant les restaurants autorisés à ouvrir après 18 heures pour proposer des livraisons à domicile. Un métier déjà ultraprécaire auquel s’ajoute aujourd’hui le risque sanitaire.
■
« C’est une messe en streaming, mais nous sommes présents par le coeur et l’esprit. » un prêtre romain