Le Point

En dix épisodes courts et percutants, le réalisateu­r Franck Gastambide dresse un portrait acéré du milieu du hip-hop en France.

- PAR ANNE-SOPHIE JAHN

Lors d’un freestyle sur Skyrock, Apash, jeune dealer de drogue aux rimes aussi affûtées que des flèches, a humilié Mastar, poids lourd du rap. Apash est immédiatem­ent « validé » (adoubé) par les autres rappeurs et plus rien, dès lors, n’arrête sa carrière fulgurante, sauf Mastar. Piques sur les réseaux sociaux, bagarres dans des bars à chicha, formations de clans et intimidati­ons en bas des barres d’immeubles… Tous les coups sont permis, même s’ils envoient leurs protagonis­tes derrière les barreaux. Mais la prison ne leur fait pas peur : elle redore leur image de gangster. Cette histoire vous est familière ? Si Apash et Mastar, héros de la série Validé, sont des personnage­s de fiction, leur parcours n’est pas sans rappeler la rivalité entre Kaaris et Booba, tragédie oedipienne du rap français ou quand le protégé de Booba essaie de tuer le père à coups de bouteille de Chanel N°5 au duty free de l’aéroport d’Orly. On pense également à Booba et Damso, à Jay-Z et Kanye West, bref, à tous les clashs constituti­fs de l’histoire du hip-hop. Car c’est le tour de force de la série créée par Franck Gastambide, l’ex-dresseur de molosses devenu réalisa

rajouté : les coups marketing contre les concurrent­s ou les mecs qui débarquent dans les maisons de disques pour régler leurs comptes sont des classiques du rap game. La série est même moins violente que la réalité, qui est parfois franchemen­t sordide… »

Sujet sensible. Sorte d’Empire à la française (le Bronx est remplacé par Aubervilli­ers, ça fait tout de suite moins rêver), Validé raconte aussi la difficulté pour les rappeurs de sortir des quartiers, même si c’est aujourd’hui le genre musical le plus écouté du monde. « Ma référence principale n’était pas Empire, mais Entourage, la série américaine qui raconte le milieu de Hollywood », admet Gastambide. « Sur le même modèle, on a pris trois inconnus et on les a propulsés au milieu des patrons de radio, de maisons de disques, de rappeurs connus pour immerger le téléspecta­teur au coeur du rap français de manière ultraréali­ste », évoque le réalisateu­r, qui n’est pas étonné que personne ne se soit attaqué au sujet avant. « Le milieu du rap est complexe, très susceptibl­e et très exigeant, il faut bien le connaître. J’ai été en contact avec des rappeurs pour les trois bandes originales de mes films, j’en écoute depuis vingt ans, mais c’est la première série sur le rap, et elle parle de rap actuel, donc il y avait de vrais risques de se tromper ou de décevoir. J’avais peur que le milieu soit hostile à la série, mais ils sont tous conquis. » La saison 2 est même déjà validée

À partir du 20 mars sur Canal +.

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