Ne soyons pas courageux, juste responsables !
Ce sont les mêmes qui, après les attentats du Bataclan, donnaient leur définition de l’héroïsme : continuer à boire des bières en terrasse. Aujourd’hui, leur réponse à la pandémie demeure aussi infantile : « On s’en fout ! On sort ! » Ne leur a-t-on pas rabâché qu’ils pouvaient aller voter ? Dans le même élan insouciant, on se rue au marché bio, on s’agglutine dans les parcs. À l’heure actuelle, on ne demande pas aux Français de faire preuve de courage. Courageux, les médecins et les infirmières qui se battent en première ligne contre les ravages mortels du virus le sont pour tout un pays. On n’attend pas des simples citoyens qu’ils se prennent pour Jean Moulin, Berty
Albrecht ou Mario Rigoni Stern. On leur demande juste de se laver les mains et de prendre leurs distances. Le « geste barrière » sera leur Légion d’honneur. Visiblement, ce combat modeste paraît hors d’atteinte pour beaucoup de nos compatriotes. Cela s’appelle l’esprit de responsabilité. Chacun doit accepter de « répondre de soi », de se soucier de l’impact de ses décisions et de ses actions sur son environnement, voire de les anticiper. Sommes-nous encore responsables ?
« Le processus de déresponsabilisation des individus est pratiquement parvenu à son terme », estime le philosophe Alain Laurent dans son dernier essai,
Responsabilité (Les Belles Lettres). Les idéologies déterministes et l’infantilisation étatique ont produit des générations de Bisounours je-m’en-foutistes. Le citoyen s’efface derrière l’individu égocentrique et capricieux : moi, ma gueule, mon nombril, mon bien-être…
« Le virus, il est révolutionnaire. Il empêche la privatisation d’ADP, il fait un krach boursier », a affirmé Edwy Plenel sur un plateau. Les idiots du moment prétendront donc avoir mis à bas le capitalisme avec leurs postillons. « Travailleurs de tous les pays, contaminez-vous ! » Dans le mot confinement, il y a « con ». Espérons que la crétinerie ne résiste pas à l’isolement…
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