Coronavirus : surveillons la température de l’État,
Face au coronavirus, l’État protecteur produit de nouveaux anticorps. Confinés, nous le regardons gonfler ses muscles. Il nous dorlote et nous sermonne à la fois : « Restez chez vous ! » Aveu d’impuissance de sa part : il n’avait pas de masques à nous proposer.
« Ça ne sert rien », avait dit le Premier ministre… Nous avons obtempéré en faisant un voeu : « Surtout la santé », comme on se souhaite au Nouvel An… Quand notre moral flanche, il y a toujours une petite voix pour nous murmurer : « L’État tient », « l’État tiendra. » Nous sommes en guerre, paraît-il. Ce ne sont pas des militaires qui présentent le point quotidien sur les opérations en cours, mais des hauts fonctionnaires, énarques blanchis sous le harnais. L’État protecteur déploie vraiment son casting 3 étoiles. Le spectacle est rodé désormais, et les acteurs sont un peu trop sûrs d’eux parfois. L’hubris guette. Ainsi, quand le préfet de police de Paris, Didier Lallement, se croit autorisé à juger les malades du Covid-19 hospitalisés. L’État parade, mais il est à nu. Sa bureaucratie, sa lourdeur et son jacobinisme frappent chaque jour un peu plus. Pensez donc : il a fallu trois semaines au ministère de l’Intérieur pour établir une attestation de déplacement sur smartphones. Trois semaines ! Emmanuel Macron a lancé son « opération résilience ». Elle passera par une plus grande agilité de nos administrations, une lutte contre l’obésité normative, davantage d’initiatives locales et surtout une plus grande confiance accordée à la société civile dans sa diversité. Mais aussi par une gestion plus dynamique des fonctionnaires : il faudra mieux reconnaître leurs compétences et valoriser leur esprit d’initiative. La loi Dussopt s’inscrit dans cette perspective. Plus que jamais, le mot d’ordre de Pompidou reste d’actualité : « Arrêtez d’emmerder les Français. » L’État régalien doit conserver des forces pour mener l’autre guerre du siècle : le terrorisme islamiste. Ce virus-là est loin d’avoir été dompté. Le califat et le coronavirus multiplient les fronts face à une France à bout de souffle
■