Un ovni dans la ville
Iconoclaste. Architecture, sculpture ? Le designer anglais Thomas Heatherwick réussit le mélange des genres.
Show devant ! Du « pissenlit » lumineux de l’Exposition universelle de Shanghai, en 2010, à la récente ruche-observatoire surplombant Manhattan, l’artiste britannique Thomas Heatherwick (50 ans) est un prestidigitateur qui, manifestement, a plus d’un tour dans son sac à malices. « C’est le Léonard de Vinci des temps modernes », affirme sir Terence Conran, son ancien mentor. Rien que ça ! Les jeux de construction garnissaient la chambre d’enfant de ce créateur iconoclaste, diplômé en conception 3D de l’École polytechnique de Manchester et du Royal College of Art, patron depuis 1994 de son propre studio de conception. On connaît la suite : des dizaines de singuliers bâtiments-objets révolutionnaires, posés un
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peu partout dans le monde. ■
« À la charnière de l’architecture et de la sculpture, ses réjouissantes structures en 3D sont autant de lieux “instagrammables” qui assurent le grand spectacle, à travers une évocation récurrente de la nature végétale et animale », commente l’architecte parisien Christian Biecher. À l’image de son « vaisseau » new-yorkais financé à hauteur de 150 millions de dollars, notre homme décroche des commandes onéreuses lui donnant les moyens de ses ambitions. « Fantaisie, ingénierie… le fruit de son imagination débordante provoque souvent un “effet waouh”, au service d’une mise en scène savamment orchestrée et qui échappe à tout style identifiable. L’ombre de Jean Nouvel n’est pas loin », complète Emmanuel Caille, rédacteur en chef du magazine D’Architectures.
Une certaine préciosité. De fait, l’utilisation innovante des matériaux fait mouche à chaque fois auprès du grand public. Telles des lanternes vénitiennes, des fenêtres facettées, baroques et ventrues, habillant un luxueux immeuble résidentiel new-yorkais, mais aussi un musée d’art contemporain sud-africain niché dans un ancien silo à grains. À Londres et ses environs, place à des bâtiments aux formes organiques qui rappellent ceux de la starchitecte anglo-irakienne disparue Zaha Hadid, mais réfutant toute radicalité déconstructiviste.
La marque de fabrique Heatherwick ? Impossible à dire, si ce n’est une certaine préciosité, tant dans la forme que sur le fond. « Thomas, c’est un peu Sherlock Holmes ! Qu’il s’agisse de bâtir le futur siège de Google à King’s Cross, de redesigner les fameux bus rouge à impériale, de reconvertir une baraque à frites ou une ancienne usine de papier en distillerie de gin, son design architectural trouve toujours la clé de l’énigme à la question posée », observe Dani Rossello Diez, chef de groupe chez Heatherwick Studio. Avec le souci constant d’améliorer la vie de ses concitoyens
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