Le mystère des perruques infectées
Poche. Ça commence comme une romance sirupeuse entre un pilote de ligne veuf et athlétique et une affriolante hôtesse de l’air, et ça finit en conte dystopique ou en manuel écolo-survivaliste, en tout cas en catastrophe cosmique. À cause d’un virus, la « grippe de Phoenix », le pilote est en quarantaine à Munich, on n’entendra plus beaucoup parler de lui, mais la pauvre Jiselle, elle, se retrouve seule avec les trois enfants du nouveau mari adoré. Au départ, il faut juste ne plus sortir et tenter de ne pas en rajouter ; à la fin, il faut chasser soi-même pour ne pas mourir et/ou pourrir et, entre les deux, laisser la pression monter, la peur infuser, Kasischke nous balade. Peutêtre que le fléau est dû à l’importation de perruques infectées. Ou bien au réchauffement climatique. Aux raisins contaminés, à un mauvais karma, à des oiseaux hitchcockiens porteurs des germes ou encore au sexe pendant l’adolescence. « Nous sommes comme les flagellants au temps de la Peste noire, écrit Kasishke. Nous pratiquons l’autoflagellation. » Il fait rire, et il fait peur, ce personnage de femme qui rêve d’un monde rose bonbon au moment où il s’effondre. Il fait réfléchir aussi. Barjavel trouvait qu’imaginer les malheurs à l’avance, c’était un peu les subir deux fois. Il avait tort. Peutêtre faudrait-il commencer par bien les lire pour éviter de les subir, et mieux s’en sortir
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En un monde parfait, de Laura Kasischke (Folio, 384 p., 8 €). Disponible sur tablette sur les sites de vos libraires.