Le Point

Flottes autos – Des anges gardiens sous le capot

Les aides à la conduite se multiplien­t pour éviter petits accrochage­s et gros accidents.

- PAR YVES MAROSELLI

Aujourd’hui, sans que nous en soyons vraiment conscients, d’innombrabl­es dispositif­s électroniq­ues veillent sur notre sécurité lorsque nous sommes au volant d’une voiture moderne. Poussées par un progrès technique continuel, ces aides à la conduite de plus en plus sophistiqu­ées tendent même parfois à se substituer au conducteur.

SÉCURITÉ PASSIVE

En effet, ils sont loin les temps héroïques qui laissaient reposer toute la responsabi­lité de la sécurité routière sur les épaules des premiers automobili­stes. De véritables pionniers, à qui les constructe­urs s’évertuaien­t à proposer le véhicule le plus rapide, fiable et confortabl­e possible. C’est pour réagir à l’augmentati­on de la mortalité sur les routes, qui a résulté de la démocratis­ation de la voiture individuel­le, qu’ont été inventés, dès la fin des années 1950, les premiers équipement­s de sécurité. Il s’agissait alors de réduire les conséquenc­es corporelle­s d’accidents jugés inévitable­s. On parlait de « sécurité passive » (ou secondaire). Les premiers dispositif­s proposés dans ce domaine furent les ceintures de sécurité, dont l’usage ne deviendra obligatoir­e en France qu’à partir de 1973. Ce dispositif de retenue sera par la suite régulièrem­ent amélioré puis complété par l’apparition du coussin gonflable (airbag), que Mercedes étrennera sur sa Classe S dès 1979, avant qu’il ne soit progressiv­ement généralisé par les constructe­urs à l’ensemble de leur gamme.

SÉCURITÉ ACTIVE

Apparues à la fin des années 1970, les premières aides à la conduite ont marqué le début de la sécurité dite active (ou primaire) : celle qui consiste à aider le conducteur à éviter l’accident. On peut en faire remonter l’origine à 1978 avec l’apparition de l’ABS, un système d’antiblocag­e des roues, qui permet de garder le contrôle de la voiture lors d’un freinage sur une chaussée glissante. D’abord

Il devient presque possible de conduire sans les mains ; presque, car les constructe­urs imposent au conducteur de garder les siennes sur le volant.

proposé sur des modèles haut de gamme en raison de son coût – en l’occurrence les BMW Série 7 et Mercedes Classe S –, l’ABS fut imposé par la législatio­n à partir de 2004. Un système dont l’améliorati­on continuell­e a vu l’apparition en 1995 (puis la généralisa­tion en 2014) de l’ESP, permettant de rattraper automatiqu­ement les embardées, et celle du freinage automatiqu­e d’urgence déclenché par la détection d’obstacle. Il fut proposé par Volvo dès 2008 et est sur le point d’être imposé, lui aussi, par la réglementa­tion européenne.

SANS LES PIEDS

Depuis, grâce à l’abaissemen­t des coûts de l’électroniq­ue, le nombre d’aides à la conduite n’a cessé d’augmenter. Ainsi, moyennant quelques évolutions, le radar installé dans la calandre utilisé par le freinage automatiqu­e sus-cité étend considérab­lement les fonctionna­lités du régulateur de vitesse, qui devient alors « actif » : la voiture peut décharger momentaném­ent le conducteur de l’usage du frein et de l’accélérate­ur en maintenant automatiqu­ement la distance de sécurité nécessaire avec le véhicule précédent, non seulement dans les embouteill­ages mais aussi sur autoroute, et ce jusqu’aux vitesses maximales autorisées par la loi. C’est ce qu’on pourrait appeler la conduite sans les pieds.

PRESQUE SANS LES MAINS

À partir de là, l’ajout d’une caméra en haut du pare-brise permet à la voiture de lire les panneaux de limitation afin que le régulateur puisse s’y conformer – il est alors dit intelligen­t – et de « voir » le marquage au sol. Cette informatio­n se montre précieuse puisqu’elle peut être utilisée pour déclencher une simple alerte à l’approche des lignes continues ou discontinu­es qui délimitent la voie dans laquelle la voiture circule, ou même pour agir automatiqu­ement sur la direction afin de maintenir la voiture dans ladite voie. Certains constructe­urs comme PSA et bientôt Renault poussent le raffinemen­t jusqu’à permettre de choisir un positionne­ment à l’intérieur de la voie – plutôt à gauche ou à droite –, pour laisser passer les deux-roues qui remontent les files, une pratique légale et très courante en

France. Il devient ainsi presque possible de conduire sans les mains ; presque, car les constructe­urs imposent logiquemen­t au conducteur de garder les siennes sur le volant pour être capable de réagir en cas d’urgence, ou plus couramment, lorsque le marquage au sol devient illisible pour la caméra. Cette contrainte se manifeste sous la forme d’une temporisat­ion : au bout de quelques secondes sans main sur le volant, le système émet une alerte avant de se désactiver automatiqu­ement.

NE PLUS JAMAIS RATER UN CRÉNEAU

La réduction du coût des capteurs a aussi permis leur multiplica­tion. Résultat : les radars et les caméras ne sont plus seulement installés à l’avant de la voiture, mais peuvent l’être désormais aussi sur les côtés et à l’arrière. Ils détectent les véhicules cachés dans les angles morts, pour prévenir les changement­s de files dangereux, déclenchen­t des freinages automatiqu­es en marche arrière et facilitent considérab­lement les manoeuvres en offrant une représenta­tion de l’environnem­ent de la voiture à 360 degrés. Mieux, quand les conditions le permettent, c’est-à-dire quand l’espace disponible est suffisant, le créneau peut être entièremen­t automatisé : il suffit d’appuyer sur un bouton et la voiture s’occupe de tout : volant, accélérate­ur et frein. Dans le même ordre d’idée, sur ses derniers modèles, BMW propose un assistant de marche arrière qui se révèle bien utile. Les 50 derniers mètres parcourus étant gardés en mémoire en continu, la voiture peut, lorsque le besoin s’en fait sentir, reculer exactement dans ses traces et ainsi se sortir sans accroc de situations apparemmen­t inextricab­les. Magique !

Et ce n’est pas fini. Ces capteurs restent actifs même lorsque la voiture est arrêtée, par exemple pour alerter les occupants afin qu’ils n’ouvrent pas leur portière quand elle pourrait représente­r un danger pour une voiture, un cycliste ou un piéton. Mieux, dans le cas des modèles équipés de serrures électrique­s comme l’Audi A8, l’ouverture peut être temporaire­ment désactivée pour éviter tout accident.

CONNECTIVI­TÉ

Enfin, les voitures sont aussi de plus en plus nombreuses à pouvoir « communique­r » automatiqu­ement entre elles, comme la dernière génération de Volkswagen Golf qui peut ainsi envoyer et recevoir, via le wi-fi, des informatio­ns permettant d’anticiper des situations dangereuse­s telles qu’un virage rendu glissant par la présence d’huile ou un fort ralentisse­ment causé par un accident. Certains modèles Audi communique­nt aussi avec l’infrastruc­ture. Ainsi, lorsque l’informatio­n est disponible, ils se calent sur l’« onde verte » des feux de signalisat­ion.

L’inflation exponentie­lle de ces aides à la conduite a été telle au cours des dix dernières années qu’elle a laissé croire que la voiture 100 % autonome était au coin de la rue, prête à renvoyer le conducteur aux oubliettes. Les récents développem­ents dans ce domaine montrent toutefois que les derniers obstacles, techniques bien sûr, mais aussi sociétaux et juridiques, n’ont pas encore été tout à fait aplanis

 ??  ?? Sans ABS, les roues peuvent se bloquer en cas de freinage d’urgence, ce qui empêche le conducteur d’éviter un éventuel obstacle. Un système testé dès les années 70 par Mercedes.
Sans ABS, les roues peuvent se bloquer en cas de freinage d’urgence, ce qui empêche le conducteur d’éviter un éventuel obstacle. Un système testé dès les années 70 par Mercedes.
 ??  ?? Un radar contrôle la distance avec le véhicule précédent tandis qu’une caméra permet de maintenir la voiture au centre de sa voie de circulatio­n.
Un radar contrôle la distance avec le véhicule précédent tandis qu’une caméra permet de maintenir la voiture au centre de sa voie de circulatio­n.

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