Et si le virus avait eu raison de l’esprit gaulois… par Sébastien Le Fol
On s’inquiète des séquelles du Covid-19 chez certains malades. Il faudra aussi surveiller les effets politiques à long terme de cette crise sanitaire, notamment la mise entre parenthèses d’un certain nombre de nos droits fondamentaux. L’observatoire des libertés confinées créé par le cercle de réflexion GénérationLibre recense 37 mesures restrictives adoptées temporairement pour affronter la pandémie. La plupart devraient en principe être levées le 10 juillet avec la fin de l’état d’urgence sanitaire. Les Français encore attachés aux libertés dans notre pays ne devront pas être en vacances ce jour-là. Car la peur nous a fait perdre nos réflexes démocratiques. L’esprit frondeur des Gaulois s’est finalement bien accommodé de cette mise sous cloche. Des plis ont été pris, que Bernard-Henri Lévy, un des rares intellectuels à avoir gardé la tête froide en cette sinistre période, inventorie dans Ce virus qui rend fou (Grasset, parution le 10 juin) : montée du pouvoir médical, hygiénisme, animalisation des humains, collapsologie, anthropophobie, niaiserie, « catéchisme virologique »…
Les thuriféraires du confinement perpétuel ont trouvé un maître à penser, Blaise Pascal, dont ils citent à l’envi l’antienne : « Tout le malheur des hommes vient de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre. » On conseillera à nos modernes redresseurs de torts la lecture du livre qu’Antoine Compagnon consacre au philosophe : Un été avec Pascal (Éditions des Équateurs/ France Inter, parution le 3 juin). Compagnon raconte le combat de l’auteur des Pensées contre l’autorité du pape en matière de doctrine. Autrement dit, pour ce que l’on n’appelait pas encore la liberté d’expression ou la liberté de pensée. Nous aurons bien besoin de Pascal dans les prochains mois. Le ressentiment n’a jamais été confiné dans notre pays. Il s’exprime à plein comme un vieux tube. L’été sera chaud. Et pas seulement « dans les T-shirts, dans les maillots ». Le Gilet jaune peut revenir à la mode. Sur les plages dynamiques, on risque de se demander avec angoisse : « Paris brûle-t-il ? »
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