Vins - Petits prix et grands plaisirs
Une sélection parmi plus de 120 vins, des bordeaux délicieux de 4,50 à 8 euros : de quoi refaire sa cave, mise à sac pendant le confinement.
Ils constituent le premier barreau de l’échelle, en termes de prix plus qu’en réalité de goût. Avec ces trois bons millésimes – 2016 l’élégant, 2017 le facile, 2018 le généreux –, ce fut une rencontre de réel plaisir. Après, la distinction entre bordeaux et bordeaux supérieur nous semble de moins en moins justifiée. Un jour pas fait comme les autres – de 1955, un très bon millésime –, on décida de remplacer Seine-Inférieure par Seine-Maritime, parce qu’inférieure impliquait qu’il existait une Seine supérieure. Pourtant, il s’agissait bien de la même eau. Un jour pas fait comme les autres, du côté de la Dordogne quasi maritime, dans cette famille des « petits » bordeaux (comme disent les buveurs d’étiquette), on cessera de distinguer les supérieurs des bordeaux tout court, qui paraissent consécutivement inférieurs. Georges
Brassens affirmait que « le gorille est bien supérieur à l’homme dans l’étreinte ». Cela fait-il de l’homme un inférieur? Bordeaux n’est-il pas un signifiant suffisant ? C’est un nom connu dans le monde entier – plus sans doute que médoc, saint-émilion ou pessac-léognan –, qui abrite de grands crus classés et exprime à lui seul toute une région et un goût. Qu’est-ce qui intéresse les amateurs avisés ? Voir figurer sur l’étiquette un adjectif qualificatif tombé du ciel et qui rappelle une réclame des années Salon des arts ménagers plutôt qu’une approche consommation futée et responsable post-Covid-19 ? Ou préfèrent-ils la sincérité, la certitude d’acheter à un prix raisonnable un vin qui, à lui seul, synthétise le tanin domestiqué, l’élégance, la plénitude et une certaine retenue ?… Bref, ce qui définissait autrefois les rouges de ce vignoble, qui s’est un peu perdu dans les affres d’une demande internationale plus gourmande que raffinée et qui revient en force aujourd’hui. En dégustation confinée – un nouvel exercice qui manquait à notre panoplie –, nous en avons goûté 125, surtout des bordeaux et un peu moins des supérieurs. Mais des bordeaux qui nous ont semblé dans le registre de la pureté souvent supérieurs aux supérieurs. Ces derniers, pour quelques-uns, souffrent encore du syndrome de la grenouille qui voulait ressembler au boeuf. Un peu de trop partout : extraction, tanins, bois, alcool. Nous leur avons préféré des vins plus tendus, vifs, salivants, agréablement parfumés. Bref, des vins dont on a envie de terminer la bouteille et qui confirment que ce vignoble, malgré ce qu’on en dit, demeure le champion du bon rapport qualité/prix
■
Bragelone
07.89.79.19.45.
14,5/15 - 85 % merlot, 15 % cabernet franc. Fruits rouges, frais, note mentholée, bonne matière, tanins souples, un peu épicé, réglisse, persistant, finale serrée, à attendre. 6 €. Laborde
06.88.08.12.91.
14,5 - 80 % merlot, 10 % cabernet franc, 10 % cabernet-sauvignon. En cours d’élevage, nez boisé, gelée de mûre, bouche onctueuse, bonne matière, juteux, prometteur. 6,30 €. Pascaud
05.57.74.30.13.
14 - 100 % merlot. Nez pur, fruits rouges, cerise, bouche équilibrée, bien fruitée, tanins un peu accrocheurs en finale, à attendre un an. 6 €. Reynier
05.57.84.52.02.
15 - 50 % merlot, 50 % cabernet-sauvignon. Fruits noirs, burlat, bouche fraîche, tanins veloutés, bien enrobé, tendu, finale relevée. 7,15 €. Saincrit
06.07.16.47.53.
14,5 - Fougue. 100 % merlot. Fruits noirs, mûre, réglisse, fumée, boisé marqué en bouche, élevage pas intégré, à attendre deux ans. 7,50 €.
La Verrière
06.07.08.71.75.
14,5 - 85 % merlot, 15 % cabernet-sauvignon. Nez frais, fruits rouges, réglisse, violette, charnu, dense, tanins fins, serrés, harmonieux, finale sapide. 5,95 €.
Domaine du Carrelet 06.98.63.39.28.
15 - 100 % merlot. Fruits noirs, Très bon fruit en bouche, pur, bonne matière,