Aura bien lieu
n’est pas assurable. À peine la France placée sous cloche, ils déploient du télétravail pour leurs 150 000 salariés et autorisent les retards de paiement des cotisations, mais, eux, les spécialistes du risque, ne voient pas le pire arriver: l’insurrection contre leur profession. « Certaines pertes d’exploitation étaient prises en charge par les contrats. Les assureurs auraient immédiatement dû le dire. C’est une erreur majeure », résume leur ministre de tutelle, Bruno Le Maire.
Tir ami. Les premières semaines de la crise, chaque soir, loin de leur QG parisien du boulevard Haussmann, à 21 heures, les 23 membres du conseil exécutif de la Fédération française de l’assurance (FFA) se réunissent en visioconférence. « On essaie alors d’évaluer les différents impacts pour notre secteur », se rappelle Florence Lustman, présidente de la FFA. Des dissensions affleurent ; le secteur est très concurrentiel. Avec trois régiments, pas toujours sur la même ligne, qui composent cette armée : les grandes sociétés d’assurance (Axa, Allianz, Generali…), les bancassureurs (Crédit mutuel, CIC, Natixis, Crédit agricole…) et les mutualistes (Covéa, Maif…). Ils avancent cahin-caha. milliard d’euros attribués aux PMEETI, à travers des fonds, dont 150 millions pour le tourisme.
Vers une prime « catastrophes » Les pouvoirs publics planchent sur la mise en place d’un régime d’assurances qui permettrait une prise en charge des grandes catastrophes (pandémie, contamination, explosion sociale, arrêt d’infrastructure…). Un texte pourrait être déposé au Parlement à la rentrée.
Jusqu’à un tir ami, venu de l’un de leurs collègues, Nicolas Théry, numéro un du Crédit mutuel. Avec le renfort des médias, le 22 avril, il annonce le versement par son établissement d’une « prime de relance mutualiste » à 30 000 clients, allant de 2 000 à 20 000 euros, afin de compenser en partie leur baisse d’activité. Le brouillard s’épaissit. Les assurances peuvent donc couvrir les pertes d’exploitation? Ses concurrents s’étranglent et lèvent la main. Non, non, ce n’est qu’une « manip » de Théry pour éviter de payer ce que ses polices garantissent vraiment. « Le coût total de notre prime mutualiste est de 200 millions d’euros. C’est bien plus que le coût de la couverture de perte d’exploitation de ces entreprises, qui nous aurait coûté 112 millions », se défend-il, en visioconférence depuis son domicile, à Strasbourg. Inspecteur des finances, passé par plusieurs cabinets de gauche, Théry détonne dans un univers de polytechniciens et de diplômés d’HEC. « Il nous fait passer pour de méchants capitalistes, alors que son objectif est de venir nous piquer des parts de marché de manière déloyale », tempête un de ses concurrents, pour qui il s’agit d’« une guerre commerciale qui ne dit pas son nom ». La machine s’emballe. La FFA, via sa commission de
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« Il y a ce fantasme que nous sommes richissimes.
Or, l’argent que l’on gère, c’est celui de nos clients. » Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’assurance