Le Point

Livres - Le continent Kessel, par Marc Lambron

Mais comment ça, vous n’avez lu que Le Lion, ou même pas Le Lion ? Les deux volumes que la Pléiade consacre à Kessel offrent d’autres occasions de rugir avec lui.

- PAR MARC LAMBRON,

Joseph Kessel en Pléiade ! Il lui aura fallu bourlingue­r de Samarkand à Djibouti pour arriver rue Gaston-Gallimard. Habitué du marbre des journaux, le voici coulé dans les marmoréens volumes de la prestigieu­se collection. La stature de Kessel doit autant à sa légende d’aventurier boucané qu’aux écrits multiples qu’il en tira. Son profil mixte unissait le reporter et l’écrivain, les voici rassemblés dans un cénotaphe de papier bible. Kessel, « Jef », tranche-montagne et homme-miroir, accède à une résurrecti­on écrite alors que le souvenir de sa personnali­té a déserté les génération­s montantes. Sa griffe perdurait dans le panthéon des Césars, ceux du cinéma : Belle de Jour, La Passante du Sans-Souci, L’Armée des ombres, Le Lion, Les Cavaliers et les trois versions de L’Équipage.

Mais il faut revenir à l’écrivain. Hybridatio­n ou dualité, c’est peu dire quand on mesure au fil de ces deux volumes la diversité d’angles et de focales que ce géant polymorphe s’appropria, et parfois inventa. Des lignes de front aux cabarets de Montmartre, de la France libre à l’Académie française, quelle grande vie, quelle superlativ­e biographie cinétique! Sans doute faut-il camper une saga pour entrer dans son style, alliant un swing de boxeur aux prouesses d’un titan de la chose vue. Kessel, c’est un peu l’« émigrant » de Charlie Chaplin écrivant « Le chant des partisans », une vie d’essence cosmopolit­e qu’il voulut sublimer en gloire tricolore.

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 ??  ?? L’Empereur. En 1967, Igor Barrère réalise un documentai­re sur Kessel et l’accompagne en Afghanista­n après la sortie de son livre « Les Cavaliers ». Ce jour-là, il se trouve dans l’est du pays, accueilli et entouré par une tribu pachtoune. Kessel remerciait l’Afghanista­n d’avoir « nourri et inspiré “Les Cavaliers” », selon lui son meilleur livre.
L’Empereur. En 1967, Igor Barrère réalise un documentai­re sur Kessel et l’accompagne en Afghanista­n après la sortie de son livre « Les Cavaliers ». Ce jour-là, il se trouve dans l’est du pays, accueilli et entouré par une tribu pachtoune. Kessel remerciait l’Afghanista­n d’avoir « nourri et inspiré “Les Cavaliers” », selon lui son meilleur livre.
 ??  ?? Famille. Joseph Kessel et son frère Lazare ( à dr.).
Famille. Joseph Kessel et son frère Lazare ( à dr.).

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