Ces villes championnes pour télétravailler
Pour Le Point, France Attractive a concocté le premier classement des 70 villes de France les mieux préparées à cette révolution professionnelle et privée.
Les villes moyennes sont mortes. Vivent les villes moyennes ! L’épidémie de Covid-19 leur accorderat-elle une revanche sur les métropoles, stars de l’aménagement du territoire ? Ce n’est pas impossible… Notamment grâce au développement du télétravail, qui s’est imposé durant la crise sanitaire. À la fin mars, selon le ministère du Travail, il concernait un salarié sur quatre. Cette évolution pourrait permettre aux habitants des métropoles, enfermés dans un appartement plus ou moins grand pendant deux mois, de concrétiser leur envie de s’installer dans une maison avec un jardin dans une ville à taille humaine.
Pour Le Point, France Attractive a réalisé le premier palmarès des villes en pointe pour accueillir les télétravailleurs. Ce classement des 70 premières villes de France a été découpé en deux en fonction du nombre d’habitants. Dans le peloton de tête des métropoles, Lille arrive première, suivie par Bordeaux et Lyon. Ces trois villes, reliées à Paris par le TGV, ont depuis longtemps mis en place une politique pour attirer de nouveaux habitants et misé sur le numérique comme outil de développement. Elles offrent une connexion au monde entier via le très haut débit, propice au télétravail. Toutes ont aussi développé des tiers-lieux capables d’accueillir des travailleurs à distance. Lille compte ainsi une offre très étoffée d’espaces de coworking et crée la surprise en se hissant en tête du classement. La capitale des Flandres jouit de sa position de carrefour entre Paris, Londres et Bruxelles. Elle concentre des leaders internationaux, dans les secteurs de la grande distribution et de la santé notamment, et ne cesse de développer son économie numérique autour d’EuraTechnologies, premier incubateur de start-up de France.
La 2e place de Bordeaux surprend moins. Pendant plusieurs années, son ex-maire Alain Juppé a tout fait pour rendre à la ville des trois M (Montesquieu, Montaigne, Mauriac) son lustre d’antan. Surtout, depuis le lancement en 2013 du projet Darwin, qui regroupe dans une ancienne caserne un espace de coworking et deux pôles respectivement consacrés à l’économie créative et au développement durable, le nombre de tiers-lieux n’a cessé de croître dans la métropole : on en compte désormais une trentaine.
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« Il faut des lieux intermédiaires entre l’entreprise et le domicile pour travailler et se rencontrer. » David Lacombled
Reste que, pour beaucoup de spécialistes, ce ■ sont les villes moyennes qui seront les grandes gagnantes du télétravail. La demande des entreprises évolue dans ce sens. « Le monde de demain ne sera pas métropolitain », martèle Jean-Christophe Fromantin. En 2018, le maire de Neuilly-sur-Seine a publié un essai, Travailler là où nous voulons vivre, dans lequel il dessine une nouvelle organisation spatiale qui fait la part belle aux villes moyennes. Dans notre palmarès, le trio de tête de cette catégorie est occupé par La Rochelle, Pau et Angoulême.
Dans son classement des villes françaises les plus attrayantes publié par Le Point en juin 2019, France Attractive plaçait déjà La Rochelle en pole position des villes moyennes. « C’est l’effet de notre qualité de vie, de notre offre culturelle, de notre dynamisme économique et de notre proximité du littoral. De plus en plus, les gens cherchent à habiter des villes apaisées », explique le maire, Jean-François Fountaine, qui observe que le TGV du matin pour Paris est plein d’universitaires et de cadres, qui pourraient tout aussi bien à l’avenir rester sur place grâce à la multiplication des tiers-lieux et des pépinières d’entreprises.
En 4e position, Calais crée la surprise. Elle a en réalitéplusieurscordesàsonarc.Sapositiongéographique, qui lui a valu de se débattre avec la crise migratoire, est aussi paradoxalement l’un de ses atouts. « Calais est à trente minutes de Lille, à une heure trente de Paris, à une heure de Londres et à une heure quinze de Bruxelles, note Natacha Bouchart. Sans parler du cadre de vie: entre mer et terre ! » Mais cela ne fait pas tout, et la maire de Calais le sait. Depuis sa première élection en 2008, elle a fait le pari de la culture. Côté numérique, l’agglomération a fait de gros efforts pour accélérer le développement de la fibre. « Aujourd’hui, 90 % des habitants de la métropole ont accès au très haut débit, note la maire. En outre, nous avons créé plusieurs lieux dotés d’équipements numériques, propices à l’accueil des télétravailleurs, comme la maison du numérique, et deux FabLabs. L’accès à ces lieux est gratuit, tout comme les transports en commun sur toute l’agglo depuis janvier. »
Exode urbain. D’autres villes comme Béthune (13e position) pourraient vite remonter dans le classement. Le maire, Olivier Gacquerre, qui se qualifie de « démonstrateur de smart city », a choisi de miser sur un cadre de vie innovant adapté aux nouveaux enjeux. Il a mis en place un plan d’action afin de transformer Béthune en smart city collaborative, durable et innovante. Ainsi est née La Fabrique, qui abrite un FabLab et un espace de coworking. « Ce projet de ville fonctionne, comme le prouvent le rebond
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