Le Point

Internet, ce qui se prépare

Fibre optique, 5G et 4G + : les déploiemen­ts reprennent. Des alternativ­es à la fibre… un peu chères

- PAR GUERRIC PONCET

Deux mois et demi de confinemen­t et de recours massif au télétravai­l ont mis sous pression les réseaux télécoms français. La surchauffe redoutée par le gouverneme­nt au début de la crise du coronaviru­s n’a pas eu lieu, malgré une multiplica­tion par sept du télétravai­l et un volume de données échangées en hausse de 50 à 100 %. Alors que les Français jonglaient entre visioconfé­rences, films en 4K ou transferts de lourds fichiers, le très haut débit a pu montrer qu’il était crucial… là où il était déjà présent, via la fibre optique, notamment. À l’inverse, les zones limitées à l’ADSL ou à des antennesre­lais d’ancienne génération ont d’autant plus souffert que de nombreux Français se sont réfugiés au vert, loin des grandes villes fibrées.

Sur le fixe comme sur le mobile, des déploiemen­ts massifs étaient en cours. Mais de mars à mai, les opérateurs ont été contraints de ralentir, voire de stopper les chantiers. Conscients d’avoir vécu un changement d’ère, ils veulent aujourd’hui adapter leurs projets d’infrastruc­ture, largement encadrés par des accords avec l’État. SFR et Bouygues estiment que les engagement­s sur la 4G, la 5G et la fibre pris auprès du gendarme des télécoms, l’Arcep, doivent être renégociés de manière groupée et non plus cloisonnée. En échange d’une accélérati­on des déploiemen­ts de la fibre et de la 4G, les deux groupes veulent obtenir un recul de l’ouverture des enchères sur les fréquences 5G, une ressource que le gouverneme­nt entend vendre à prix d’or en septembre. « Le but est que les opérateurs libèrent des investisse­ments pour la fibre et la 4G en zone rurale, dont les Français ont besoin tout de suite, alors que les usages les plus innovants de la 5G n’arriveront de toute façon que vers 2023 », commente Grégory Rabuel, directeur général de SFR. Orange et Free veulent quant à eux maintenir le calendrier.

« Complexe ». Lancé en 2012, le déploiemen­t massif de la fibre optique a connu des retards, mais le rythme s’est accéléré ces dernières années. « On part de tellement bas qu’on ne peut que progresser», ironise Antoine Autier, directeur adjoint des études à l’UFC-Que choisir, selon lequel il faudrait immédiatem­ent ajouter 10 à 20 milliards d’euros pour les zones peu denses. « La fibre en France est un chantier industriel très complexe et très lourd. En

Ceux qui ont perdu espoir de voir bientôt arriver la fibre à leur porte peuvent se tourner vers les box 4G. Équipées d’une carte SIM pour accéder à Internet via le réseau mobile, elles diffusent Internet dans le foyer via le wi-fi ou des câbles Ethernet, comme une box classique. Le forfait est plus cher et n’est souvent pas illimité : 200 Go à 250 Go mensuels pour 29,99 à 36,99 euros par mois, sauf chez Bouygues, où le trafic est illimité pour 42,99 euros. Autre solution : le satellite, disponible partout en France mais lui aussi cher et limité, avec « des retours assez négatifs des consommate­urs » selon l’UFC-Que choisir.

Europe, il n’y a guère que l’Espagne qui ait un déploiemen­t aussi engagé », assure Marc Blanchet, directeur technique d’Orange France. Selon lui, fin 2020, plus de la moitié des logements français seront raccordabl­es à la fibre optique. L’objectif d’Orange, qui assure plus des deux tiers des chantiers, est d’atteindre 95 % en 2025, pour débrancher le réseau cuivre (téléphone et ADSL) vers 2030. Côté mobile, l’opérateur historique va passer de 20 000 à 30 000 antennes-relais 4G ou 5G d’ici trois à quatre ans, grâce à des milliers de nouvelles antennes dans les zones rurales. Pour tous les opérateurs, le rythme de déploiemen­t est très soutenu. « Il n’y a pas de baguette magique qui puisse faire pousser les réseaux : nous sommes aujourd’hui au maximum de la capacité du pays à déployer », assure Sébastien Soriano, président de l’autorité de régulation, l’Arcep.

Pour 2022, l’État s’est engagé à ce que tous les Français aient accès à 30 mégabits, soit près de quatre fois le débit de 8 mégabits promis aujourd’hui et atteignabl­e dans les zones blanches grâce aux offres imparfaite­s du satellite (lire cicontre). Pourtant, le gouverneme­nt semble vouloir maintenir le lancement de la 5G fin 2020 dans les zones denses, au détriment des zones moins denses, qui ont cruellemen­t besoin de la fibre et de la 4G tout de suite

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