Le Point

Golem.ai, de Jean Piaget à Noam Chomsky

- PAGE DIRIGÉE PAR GUILLAUME GRALLET

Et si l’intelligen­ce artificiel­le ne signifiait pas le déclin de l’être humain mais bien une manière de repenser notre liberté ? C’est le credo de Thomas Solignac, 28 ans (photo), qui a créé en 2016, à Paris, l’éditeur de logiciels Golem.ai, qui comprend une équipe de 25 chercheurs. Ce diplômé de l’Épitech, formé à la philosophi­e des sciences sociales à Nanterre, prend ses distances avec le deep learning, une technologi­e très en vogue qui s’appuie sur un grand nombre de données. Or il n’existe pas une seule manière d’enseigner un savoir aux machines, explique le jeune entreprene­ur, qui voit dans les discussion­s actuelles une remise au goût du jour du débat qui opposa en 1975, à l’abbaye de Royaumont, Jean Piaget et Noam Chomsky autour de l’apprentiss­age du langage. Pour l’épistémolo­gue suisse, l’inné est presque inexistant, alors que pour le linguiste américain il existe un grand nombre de structures cognitives communes à tous les individus. « La première hypothèse caractéris­e le deep learning, qui considère qu’une machine peut tout apprendre en s’appuyant essentiell­ement sur les statistiqu­es, quand la seconde s’appuie sur une vision du monde plus qualitativ­e que quantitati­ve. » Cette dernière, dont s’inspire Thomas Solignac, permet aux machines d’avoir une approche plus modulaire du monde. « Prenez l’exemple d’une entreprise qui utilise une IA pour répondre rapidement aux mails. Lorsque l’environnem­ent change radicaleme­nt, comme ce fut le cas ces derniers mois avec l’apparition de la pandémie de Covid-19, la seconde approche offre plus de réactivité aux programmes. » Si pour l’instant Golem.ai n’est qu’un Petit Poucet par rapport aux géants Google et Baidu, son approche pourrait fortement les influencer à l’avenir

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