Le Point

La nouvelle affaire des écoutes

- PAR MARC LEPLONGEON

D’incroyable­s investigat­ions parallèles ont visé Nicolas Sarkozy en marge de l’affaire Bismuth. Dans le plus grand secret, les factures téléphoniq­ues des plus célèbres avocats de la capitale ont été épluchées. Avec un seul objectif : trouver une mystérieus­e taupe au sein de l’appareil judiciaire français.

Le procureur est en convaincu, la taupe, celle qu’il recherche depuis des mois, se pare de noir. Que ce soit la couleur de la robe d’un avocat ou de celle, plus intrigant encore, d’un magistrat… Pendant près de six ans, de début 2014 à fin 2019, le Parquet national financier (PNF) a organisé un montage judiciaire extrêmemen­t complexe visant à trouver qui était à même d’informer Nicolas Sarkozy sur des procédures judiciaire­s en cours. La justice n’a pas lésiné sur les moyens. Sans soupçons avérés, les factures de téléphone détaillées (fadettes) des cabinets d’avocats Dupond-Moretti, Temime, Lussan, Canu-Bernard, Haïk ou encore Veil-Jourde ont été épluchées, et quelques-uns des pénalistes les plus renommés de France, géolocalis­és. Avec une question centrale : l’un d’entre eux, de par sa proximité avec des juges ou des policiers, a-t-il eu accès à des informatio­ns couvertes par le secret profession­nel, renseignem­ents qu’il aurait ensuite répercutés, en violation de la loi, à l’avocat personnel de l’ancien président de la République, Me Thierry Herzog ?

Les enquêteurs ont obtenu, sur une période donnée, la liste de tous les appels entrants et sortants des numéros reliés au standard du Parquet national financier, avant qu’une juge d’instructio­n parisienne ne subisse le même sort. Mieux encore : alors que les investigat­ions se sont vite dirigées vers un classement sans suite – aucune taupe n’avait été identifiée en mars 2016 –, les résultats ont été volontaire­ment tus par le PNF. Et ce alors même que d’importants éléments à décharge étaient susceptibl­es de nourrir la défense de Nicolas Sarkozy, poursuivi pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Paul Bismuth.

Pendant toutes ces années, cette enquête a donc été menée dans le plus grand secret, dans un cadre procédural trouble, de manière à ce que nul autre que les procureurs qui en avaient la charge ne puissent en avoir connaissan­ce. Le 10 juin, Éliane Houlette, l’ancienne patronne du PNF, a déclaré devant l’Assemblée nationale avoir subi des « pressions » de sa hiérarchie pour remonter, presque en temps réel, des informatio­ns sur tous les actes d’investigat­ion menés contre les époux Fillon. Ces propos courageux visaient à critiquer la dépendance du parquet vis-à-vis de l’exécutif et à appeler à une profonde réforme du système judiciaire français. Mais ils ont aussi pour mérite d’avoir délié quelques langues sur la cuisine interne du PNF dans les affaires Sarkozy. Le Point a mené l’enquête. Au commenceme­nt, une étrange discussion.

« Bâtards ». Le 30 janvier 2014, la nuit est tombée depuis un moment déjà lorsque Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog conversent. Les deux hommes pensent être surveillés. Aussi prennent-ils le soin de se trouver une ligne téléphoniq­ue réservée uniquement à leur stratégie judiciaire, que Me Herzog fait ouvrir sous le nom de Paul Bismuth. C’est sous ce drôle d’alias et en se croyant à l’abri des oreilles indiscrète­s que l’ex-président de la République et son conseil insultent tranquille­ment leurs juges. Ces « bâtards de Bordeaux » vont avoir du « boulot », lance Herzog, qui semble persuadé, au téléphone, que la Cour de cassation s’apprête à annuler la saisie des agendas de Nicolas Sarkozy, ordonnée par les juges bordelais dans l’affaire Bettencour­t. Pourquoi un tel espoir ? Leur « ami » Gilbert, raconte l’avocat le 29 janvier, a bien « bossé ». Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation, fait en effet montre du plus grand entrain

« Tout cela témoigne des moyens utilisés, à la fois disproport­ionnés et déloyaux, pour s’en prendre à tout prix à Nicolas Sarkozy. » Me Hervé Temime

pour obtenir des informatio­ns confidenti­elles sur la procédure Bettencour­t. « Il a eu accès à l’avis, qui ne sera jamais publié, du rapporteur (…) Cet avis conclut au retrait de toutes les mentions relatives à tes agendas », assure Me Herzog à son célèbre client le 30 janvier 2014.

Cinq jours plus tard, le 5 février, tout s’accélère. Herzog, encore : « [Gilbert] avait rendez-vous avec un des conseiller­s [de la Cour de cassation, NDLR] pour bien lui expliquer ce qu’il faudrait… Il m’a dit : “Tu peux dire au président que je suis optimiste.” » L’homme tenterait-il d’influencer ses collègues juges chargés du dossier ? Les enquêteurs en sont persuadés. Les écoutes téléphoniq­ues s’enchaînent. Comme récompense de ses efforts, Gilbert Azibert fait savoir qu’il serait très intéressé par un poste à Monaco et s’en ouvre à Thierry Herzog, lequel répercute ce souhait à Nicolas Sarkozy. L’ancien président, qui séjourne quelques jours sur le Rocher, n’y voit aucun inconvénie­nt, au contraire : « J’ai rendez-vous à midi avec Michel Roger, le ministre d’État de Monaco, confie Nicolas Sarkozy à son avocat le 25 février 2014 (…) Il [Gilbert, NDLR] veut un poste de conseiller d’État ici ? (…) Tu peux lui dire que, à midi, je ferai la démarche. »

Mais le lendemain, au téléphone, Nicolas Sarkozy explique subitement avoir fait marche arrière : « Je lui ai pas parlé de Gilbert [au ministre, NDLR]. (…) Ça m’embête de demander quelque chose alors que je le connais pas très bien (…) Je t’avais dit que je le ferai, et puis j’ai réfléchi. » Ses remords sont répétés deux fois à quelques minutes d’intervalle, d’abord sur la « ligne Paul Bismuth », puis sur celle ouverte à son nom. Nicolas Sarkozy cherche-t-il à s’assurer que ses propos n’ont pas échappé aux oreilles qui l’écoutent ? C’est la thèse qui sera aussitôt adoptée par les juges Thépaut et Simon – les « deux dames », comme les appellera bientôt Sarkozy – chargées le jour-même par le Parquet national financier d’une informatio­n judiciaire pour violation du secret de l’instructio­n et trafic d’influence. Pour les enquêteurs, un pacte de corruption a bel et bien été noué entre le camp Sarkozy et un magistrat de la Cour de cassation en vue d’influer sur une procédure en cours.

« Simulacre de conversati­on ». Et qu’importe la volte-face du 26 février 2014 qui, pour les magistrats chargés des investigat­ions, n’a rien de spontané. Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy n’ont fait que se livrer à un « simulacre de conversati­on » dans une communicat­ion qu’« ils savaient écoutée », écrit le PNF en octobre 2017. Mais comment le prouver ? Comment démontrer que Thierry Herzog a vraiment « bénéficié d’un renseignem­ent le 25 février entre 10h20 (appel de Nicolas Sarkozy) et 15h30 », comme le suppose la commissair­e Dufau dans son rapport de mars 2014 ? Car c’est bien le postulat formé par les policiers : Thierry Herzog aurait appris que la ligne Bismuth était écoutée et se serait empressé, en milieu d’aprèsmidi, de rejoindre l’aéroport pour aller avertir en personne Nicolas Sarkozy, qui se trouvait alors à Monaco. Les juges Thépaut et Simon ont-elles

« Sur la base d’un seul appel à Thierry Herzog, un ami que je n’ai même pas réussi à joindre, on m’a espionné pendant quinze jours. » Me Éric Dupond-Moretti

enquêté sur ce point pour tenter de connaître ■ la vérité? La réponse est non. Pour la seule raison qu’on ne le leur a pas permis…

Le 3 mars 2014, dans des circonstan­ces particuliè­rement troubles, le PNF décide de garder pour lui ces investigat­ions. Alors qu’une informatio­n judiciaire est déjà ouverte sur des faits identiques et que des juges indépendan­ts ont été saisis, Ariane Amson, substitut du procureur – qui deviendra bientôt conseillèr­e pour la Justice de François Hollande à l’Élysée –, ordonne une enquête préliminai­re pour violation du secret profession­nel (une infraction qui n’est normalemen­t pas de la compétence du PNF). L’enquête, suivie par le procureur Patrice Amar, démarre sur les chapeaux de roue. Les policiers commencent par dresser la liste de toutes les personnes qui ont appelé Thierry Herzog le 25 février 2014 et sont susceptibl­es de lui avoir dit que la ligne Bismuth était « cramée ». Les fadettes du téléphone portable du célèbre pénaliste Éric Dupond-Moretti, qui avait tenté de joindre Thierry Herzog ce 25 février au matin, sont épluchées.

Ce jour-là, Dupond-Moretti est également en contact avec une autre personne proche de Thierry Herzog. Un ami que les deux hommes ont en commun, monégasque et ancien intime du prince Albert. Les policiers décident de creuser cette piste et vont jusqu’à examiner les fadettes de Dupond-Moretti pendant deux semaines. Interrogé par Le Point, l’avocat s’insurge : « Sur la base d’un seul appel à Thierry Herzog, un ami que je n’ai même pas réussi à joindre, on m’a espionné pendant quinze jours. On a pu savoir quand et qui j’appelais, le nom de mes amis et de mes clients. C’est une atteinte intolérabl­e à ma vie privée et à ma vie profession­nelle. » La robe noire ajoute : « Je trouve cela monstrueux. Certains magistrats n’ont plus de limites. Je réfléchis très sérieuseme­nt au dépôt d’une plainte. »

Fadettes. D’autres avocats connaissen­t le même sort. C’est notamment le cas d’Hervé Temime, autre grand nom du barreau parisien et du droit pénal des affaires. Ou encore du cabinet Lussan, où travaillen­t notamment Mes François Martineau et Jean-Yves Dupeux. Mais les investigat­ions se concentren­t surtout autour du cabinet Veil Jourde, un des plus puissants de la capitale. Les enquêteurs ont retrouvé la trace d’un SMS envoyé à 11h41 le 25 février, depuis une ligne de téléphone portable appartenan­t au cabinet, et adressé à Thierry Herzog. Dès la réception de ce message, ce dernier avait quitté son bureau pour borner quelques minutes plus tard rue de Lisbonne, à proximité du même cabinet Veil. Se pourrait-il qu’un avocat d’affaires, suffisamme­nt proche du PNF pour traiter avec lui tous les jours, ait bénéficié d’une indiscréti­on au sujet de Nicolas Sarkozy ? Et qu’il ait décidé d’envoyer un SMS à Me Herzog pour lui donner rendez-vous et lui confier de vive voix la précieuse informatio­n ? Mystère.

« Ce qui est certain, c’est que le résultat de cette enquête cachée à la défense (…) est de nature à disqualifi­er la thèse de l’accusation. » Me Jacqueline Laffont

Les policiers de l’Office central de lutte ■ contre la corruption et les infraction­s financière­s et fiscales vont en tout cas décortique­r les fadettes du cabinet et vérifier chacun des appels. Une enquête de géolocalis­ation aura également lieu pour s’assurer que les avocats du cabinet ne se sont pas rendus à proximité de l’île de la Cité et de la rue des Italiens, où se situent encore, à l’époque, le parquet de Paris et le PNF (les deux ont déménagé depuis). Les limiers de Nanterre obtiennent également la liste de tous les appels entrants et sortants du Parquet financier. Mais également ceux de la juge d’instructio­n Sylvie Caillard, qui avait échangé avec Thierry Herzog le 25 février 2014 et qui est aujourd’hui en fonction à la cour d’appel de Versailles. Rien n’est laissé au hasard. Cette enquête serait demeurée secrète si un document, tombé dans le dossier d’instructio­n des juges Thépaut et Simon au printemps 2014, n’en avait pas fait négligemme­nt mention.

Deux ans plus tard, en août 2016, les avocats de Thierry Herzog et de Nicolas Sarkozy apprennent par le greffe que l’enquête préliminai­re est censée avoir été jointe à l’informatio­n judiciaire depuis… le 17 juin 2014. Une lettre est donc écrite aux juges d’instructio­n, lesquelles la transmette­nt à Éliane Houlette. La cheffe du PNF prend la plume le 28 septembre 2016 et dément : « Aucun acte tendant à joindre cette enquête à la procédure d’informatio­n dont vous êtes saisi n’a été délivré par le parquet. » Selon nos informatio­ns, un document appelé « soit-transmis », daté du 11 juin 2014 et émanant du parquet, a pourtant été retrouvé en procédure. « Ces pièces sont à joindre au dossier NS–TH–GA qui doit être chez Mme Houlette. Il s’agit des mêmes faits. Il faut donc enregistre­r une jonction. Merci », peut-on y lire. Jusqu’au bout, et peutêtre parce que des mesures particuliè­rement attentatoi­res aux libertés avaient été ordonnées contre des magistrats et des avocats, on aura cherché à cacher le contenu de cette enquête.

Acharnemen­t. Dans sa missive du 28 septembre 2016, Éliane Houlette apporte cependant un élément intéressan­t : l’enquête préliminai­re en question aurait été retournée au parquet pour « transmissi­on définitive » le 7 mars 2016, soit sept mois plus tôt. L’enquête contient alors 96 procès-verbaux mais aucune preuve : les policiers reconnaiss­ent ne pas avoir pu identifier de taupe. Un classement sans suite se profile. Mais c’est mal connaître le procureur chargé de l’enquête, Patrice Amar, qui, le 6 octobre 2016, juste après la lettre d’Éliane Houlette, relance l’affaire et demande aux policiers de « faire l’hypothèse que plusieurs personnes puissent avoir eu l’informatio­n en même temps ». L’office anticorrup­tion reçoit comme ordre d’examiner les fadettes de Marie-Alix CanuBernar­d, autre avocate parisienne proche de Thierry Herzog, et de Me Pierre Haïk, devenu en 2014 l’avocat de Nicolas Sarkozy. Mais aussi d’identifier tous les numéros de téléphone ayant borné au moins une heure aux abords du cabinet Veil. Ce qui

représente un nombre incalculab­le d’appels ■ dans une ville comme Paris.

Pendant tout ce temps, une bataille procédural­e s’engage. Les avocats du camp Sarkozy exigent, sans succès, que cette enquête soit versée au dossier. L’enjeu est primordial. En février 2017, lorsqu’il réclame un procès pour corruption, le PNF affirme en effet que la discussion du 26 février 2014 entre Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy est un « simulacre de conversati­on », les deux hommes sachant leur portable sur écoute. C’est durant cet échange que l’ancien chef de l’État fera volte-face, en abandonnan­t l’idée de demander un poste à Gilbert Azibert à Monaco. Or, selon les premières conclusion­s de l’enquête préliminai­re, déjà connues du parquet à l’époque, les policiers ne sont pas parvenus à identifier une taupe, ni même à prouver que Thierry Herzog savait que « Paul Bismuth » était écouté. « Ce qui est certain, c’est que le résultat de cette enquête cachée à la défense jusqu’au moment capital du renvoi devant le tribunal correction­nel est de nature à disqualifi­er la thèse de l’accusation », pourfend Me Jacqueline Laffont, avocate de Nicolas Sarkozy.

Le PNF a-t-il volontaire­ment mis cette enquête « en sommeil », comme le pense Me Laffont, pour que ses résultats ne viennent pas perturber le cours de l’informatio­n judiciaire des juges Thépaut et Simon ? Mystère. «Mais il faudra qu’il soit répondu un jour à toutes les interrogat­ions que suscite cette enquête cachée », ajoute l’avocate. Une chose est sûre : aucun acte d’enquête n’a été enregistré entre octobre 2016 et mars 2019. Les policiers auront donc mis deux ans et demi à retrouver l’adresse du PNF dans ce dossier, pour finalement conclure que les croisement­s effectués entre les lignes téléphoniq­ues disséquées ne permettaie­nt pas d’identifier la moindre taupe. Quant au bornage de tous les téléphones qui ont stationné au moins une heure à proximité du cabinet Veil, la demande est impossible à réaliser, répondent les policiers en août 2019. Cela reviendrai­t à examiner les appels de plus de 2 500 appareils…

Des poursuites contre l’État ? Le classement sans suite sera finalement prononcé en décembre 2019 pour « infraction insuffisam­ment caractéris­ée », et la procédure portée à la connaissan­ce des avocats au début de l’année 2020, au moment d’audiencer le procès pour corruption et trafic d’influence. Ce dernier doit se tenir au mois de novembre. « Nous n’avions donc plus la possibilit­é de saisir la chambre de l’instructio­n ou la Cour de cassation pour faire annuler la procédure », tempête Paul-Albert Iweins, un des avocats de Thierry Herzog dans ce dossier. Contacté par Le Point, Me Marie-Alix Canu-Bernard, visée par les investigat­ions, estime le procédé scandaleux : « Si mes fadettes ont effectivem­ent été réquisitio­nnées dans le cadre d’une enquête dont j’ignore tout, je considère cela comme extrêmemen­t choquant, et de surcroît

« Le parquet a détourné la procédure légale permettant les écoutes d’un avocat.» M e Marie-Alix Canu-Bernard

L’office anticorrup­tion reçoit l’ordre d’identifier tous les numéros de téléphone ayant borné au moins une heure aux abords du cabinet Veil.

« Si ces faits sont avérés, ils représente­nt une menace inquiétant­e pour le secret profession­nel des avocats.» Olivier Cousi, bâtonnier de Paris

déloyal. Car, ce faisant, le parquet a détourné la ■ procédure légale permettant les écoutes d’un avocat, et qui impose normalemen­t d’informer le bâtonnier et de préciser le motif. »

Me Hervé Temime, dont les fadettes ont également été épluchées avant qu’il ne devienne l’avocat, aux côtés de Paul-Albert Iweins, de Thierry Herzog, s’emporte lui aussi : « Tout est anormal dans cette enquête préliminai­re. Son ouverture alors que les juges d’instructio­n venaient d’être saisis de faits totalement connexes. Les investigat­ions à l’égard des avocats qui témoignent du peu de respect du parquet pour notre secret profession­nel. Sa durée extravagan­te et son maintien artificiel afin qu’un classement de l’affaire ne puisse servir la défense (…). Au minimum, tout cela témoigne des moyens utilisés, à la fois disproport­ionnés et déloyaux, pour s’en prendre à tout prix à Nicolas Sarkozy et à son avocat, dans un dossier totalement inconsista­nt. » Les avocats pourraient-ils engager des poursuites contre l’État ? Rien n’est exclu, affirment-ils, à l’image de Dupond-Moretti. « Si ces faits sont avérés, ils représente­nt une menace inquiétant­e pour le secret profession­nel des avocats », conclut le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi.

Le PNF répond au « Point ». Interrogé, le PNF nous a fait parvenir une longue missive, qui ne répond toutefois pas à de nombreuses questions posées par cette affaire. Le parquet affirme avoir été « compétent » pour enquêter sur l’infraction de violation du secret profession­nel, alors même qu’une informatio­n judiciaire était déjà ouverte, en raison de la « connexité avec les faits ». « C’est par ailleurs en conformité avec les usages et dans un souci de bonne justice que les magistrats instructeu­rs n’ont pas été saisis de ces faits qui portaient atteinte à la bonne conduite de l’informatio­n judiciaire dont ils avaient la charge. » En quoi ? Le PNF ne le dit pas. Il précise toutefois que les « fadettes des magistrats du PNF n’ont jamais été analysées dans le cadre de cette enquête ». Et ajoute également qu’« aucune jonction de cette enquête à l’informatio­n judiciaire n’a été ordonnée », en dépit du soit-transmis retrouvé en procédure et daté du 11 juin 2014. « Il s’agit d’une erreur purement administra­tive », rétorque-t-on. Enfin, le parquet affirme avoir demandé aux policiers des « investigat­ions complément­aires » au mois d’octobre 2016, alors même que ces derniers avaient déjà conclu à l’absence de preuve dès le mois de mars. Le parquet ne s’explique pas non plus sur le fait qu’aucun acte d’enquête n’a été enregistré entre 2016 et mars 2019, avant qu’un classement sans suite ne soit prononcé au mois de décembre. Deux ans, donc, après avoir pris un réquisitoi­re définitif dans l’informatio­n judiciaire, aux fins de renvoyer Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog devant un tribunal, des faits de corruption et trafic d’influence

 ??  ?? Patronne du PNF. Le 3 mars 2014, au palais de justice de Paris, Éliane Houlette prend officielle­ment ses fonctions, devant un parterre de magistrats (à droite, de profil, Renaud Van Ruymbeke).
Patrice Amar. Premier vice-procureur de la République financier.
Lovisa-Ulrika Delaunay-Weiss. Procureur de la République financier adjoint. Éliane Houlette. Procureur national financier.
Patronne du PNF. Le 3 mars 2014, au palais de justice de Paris, Éliane Houlette prend officielle­ment ses fonctions, devant un parterre de magistrats (à droite, de profil, Renaud Van Ruymbeke). Patrice Amar. Premier vice-procureur de la République financier. Lovisa-Ulrika Delaunay-Weiss. Procureur de la République financier adjoint. Éliane Houlette. Procureur national financier.
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 ??  ?? Secret profession­nel. Me Hervé Temime (ici en 2018), avocat de Thierry Herzog.
Secret profession­nel. Me Hervé Temime (ici en 2018), avocat de Thierry Herzog.
 ??  ?? Fauves. Mes Éric Dupond-Moretti et Thierry Herzog (ici en 2014).
Fauves. Mes Éric Dupond-Moretti et Thierry Herzog (ici en 2014).
 ??  ?? En première ligne.
Me Jacqueline Laffont et Me Pierre Haïk (ici en 2010), avocats de Nicolas Sarkozy.
En première ligne. Me Jacqueline Laffont et Me Pierre Haïk (ici en 2010), avocats de Nicolas Sarkozy.
 ??  ?? Avocat d’avocat. Paul-Albert Iweins (ici en 2016), l’un des avocats de Thierry Herzog.
Avocat d’avocat. Paul-Albert Iweins (ici en 2016), l’un des avocats de Thierry Herzog.
 ??  ?? Victime collatéral­e. Me Marie-Alix CanuBernar­d, avocate proche de Thierry Herzog.
Victime collatéral­e. Me Marie-Alix CanuBernar­d, avocate proche de Thierry Herzog.
 ??  ?? Surveillés. Pierre-François (à g.) et Jean Veil, le 5 juillet 2017, lors de l’hommage national rendu à Simone Veil, leur mère.
Surveillés. Pierre-François (à g.) et Jean Veil, le 5 juillet 2017, lors de l’hommage national rendu à Simone Veil, leur mère.
 ??  ?? Rappels à l’ordre.
Olivier Cousi, bâtonnier de Paris.
Rappels à l’ordre. Olivier Cousi, bâtonnier de Paris.

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