Ces écologistes frappés d’aboulie, par Sébastien Le Fol
L’enquête de Jérôme Fourquet et Marie Gariazzo sur la France confinée le démontre : l’interprétation écologique de la crise du coronavirus est aujourd’hui la plus audible chez les Français. Déforestation, zoonoses… La pandémie interroge bien notre rapport avec la nature. De là à percevoir dans ce virus un message envoyé par les pangolins et les chauve-souris… Ce discours apocalyptique pollue les débats sur l’environnement. Ceux qui le tiennent souffrent en réalité d’aboulie. L’aboulique se complaît dans le désir sans parvenir à passer à l’action, et ses discours prennent le pas sur ses actes. Nombre d’écologistes fixent des objectifs – théoriques – qu’ils savent inatteignables. Il y aurait bien des combats concrets à mener au nom de l’écologie ; ils les méprisent. Ce qu’ils aiment, c’est discourir. La Convention citoyenne pour le climat, constituée de 150 citoyens tirés au sort, vient de remettre ses propositions au gouvernement. On y retrouve un peu de cette aboulie : l’introduction dans le droit pénal du crime d’écocide paraît inapplicable. Certaines mesures économiques préconisées nous feraient emprunter la voie vénézuelienne. Quoi qu’on en pense, l’ensemble apparaît très concret. Le vert agit désormais sur la place publique comme le rouge dans l’arène. L’esprit critique est indispensable. Et il ne faut jamais cesser de démasquer les fariboles et de confondre la bêtise. Mais, une fois que l’on a raillé les « huloteries » et les « Khmers verts », comment poser le problème ? Quelles finalités et alternatives proposer ? Toute force politique aspirant à l’exercice du pouvoir se forgera une pensée écologique. Sur cette question essentielle aussi, nous devons sortir de l’aboulie et de la défiance. Raymond Aron avait diagnostiqué le mal : « L’hostilité à l’égard des gouvernants, le refus du citoyen de se placer du point de vue de ceux qui gouvernent et d’examiner, comme ceux-ci sont contraints de le faire, les problèmes à résoudre. » Nous aurons aussi besoin d’écologistes qui se placent du point de vue des gouvernés…
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