Le Point

Le pari européen d’Angela Merkel

Le 1er juillet, la chancelièr­e allemande, qui tirera sa révérence l’an prochain, prend la présidence de l’UE. Une chance à saisir pour la France.

- Par Luc de Barochez

Longtemps, Angela Merkel a été accusée d’être la fossoyeuse de l’Europe. Lors de la crise de l’euro, elle fut incapable d’expliquer aux Grecs pourquoi ils devaient boire l’amère potion de la rigueur qu’elle leur tendait. Elle eut les plus grandes peines du monde à convaincre les Allemands de témoigner une solidarité minimale aux pays méridionau­x. En 2011, sa décision de sortir du nucléaire fut unilatéral­e. En 2015, elle ouvrit les portes de l’Allemagne à 1 million de demandeurs d’asile. En 2017, empêtrée dans des embarras de politique intérieure, elle s’abstint de répondre aux propositio­ns de relance de l’Union européenne formulées par Emmanuel Macron. À chaque étape, les présidents français successifs – elle en a connu quatre – déplorèren­t avec une belle unanimité le manque de vision européenne de la chancelièr­e. Ils ne voulurent pas voir que leur inaptitude à réformer la France en profondeur ruinait leur crédibilit­é aux yeux des dirigeants de Berlin. Sans confiance réciproque, le moteur franco-allemand tournait dans le vide.

Le Covid-19 a, provisoire­ment, changé la donne au moment où Angela Merkel s’apprête à prendre la présidence de l’Union, le 1er juillet. Le hasard du calendrier fait bien les choses. La chancelièr­e est l’un des très rares dirigeants mondiaux à sortir renforcés du maelström causé par la pandémie. Elle a prouvé une fois de plus qu’elle avait un sens politique hors du commun. Sa décision inédite d’accepter un plan d’endettemen­t commun européen, qui va bénéficier au premier chef à l’Italie, à l’Espagne et à

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