Le mystère Piccoli dévoilé
Enquête. Jane Birkin a le mot juste : «Chez lui, je ne me suis jamais aventurée au-delà de son salon.» Qui était le géant qui nous a quittés le 12 mai, à 94 ans ? C’est « un mystère », dit Dominique Besnehard. Grâce à la journaliste Anne-Sophie Mercier, le rideau se lève. Comment ce fils de musiciens, « enfant dérangé » qui couchait sur le canapé du salon et a raté son bac, a pu devenir, en soixante ans de carrière, « un talent absolu », dixit Depardieu. La résilience a démarré sur les planches, ce jour de 1937 où le collégien joue un voleur dans Les Habits neufs de l’empereur, d’Andersen. Quand la lumière se rallume, il se sent comme « enseveli » sous les applaudissements. Il sera acteur ou rien. De cette épopée, Piccoli – Derrière l’écran raconte une foule d’histoires inconnues : celle du grand-père maternel, notable, industriel de la céruse, insensible à l’empoisonnement de ses ouvriers. Fortune, déclin, culpabilité : Piccoli s’enracine à gauche. Une gauche caviar, mais généreuse, comme lorsque Piccoli héberge Alain Krivine dans son hôtel particulier de la rue de Verneuil. Et puis il y a les femmes. Pourquoi Piccoli se fait-il toujours plaquer ? Dans la vie par Juliette Gréco ou Nicole Courcel, à l’écran par Brigitte Bardot ? Dans un délicieux hommage à son partenaire dans Le Mépris, la star a écrit : « Il avait du talent, de l’humour et il aimait mes fesses. » Fesses nues sur lesquelles Godard, pendant le tournage, posa un livre titré Entrez sans frapper. Dans un geste protecteur Piccoli le retourna. La classe
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Piccoli – Derrière l’écran, d’Anne-Sophie Mercier (Allary Éditions, 208 p., 18,90 €).