La politique française a besoin d’un coup de cravache, par Sébastien Le Fol
Tandis que certains veulent déboulonner la statue équestre du général Faidherbe, un homme s’en est allé à cheval sur les traces de Montaigne. Le 22 juin au matin, le philosophe et écrivain Gaspard Koenig s’est fait la malle sur sa jument espagnole Destinada. Saint-Michel-de-Montaigne – Rome : Cinq mois « le cul sur la selle », à la rencontre des Européens d’aujourd’hui. Mais qu’arrive-t-il au jeune Koenig ? Créateur d’un think tank libéral, GénérationLibre, il se passionne désormais pour la bourrellerie et nous invite à ralentir. Montaigne nous a légué une merveilleuse méthode d’introspection. Nous devrions sans cesse y revenir pour nous empêcher de nous enfermer dans un système de pensée, quel qu’il soit. Le plus grand philosophe de l’Occident judéo-chrétien a traversé une Europe dévastée par la peste et les guerres de Religion. « Je ne sais pas ce que je cherche. Mais j’espère bien être surpris par moi-même », confie Koenig. L’époque nous fournit de moins en moins l’occasion de nous surprendre nousmêmes. Sur les réseaux sociaux, chacun s’enferme dans ses certitudes. La pensée est en pilotage automatique. On se choisit un ennemi et on tape dessus comme des automates. La dénonciation des extrémismes est le seul programme proposé par les partis de gouvernement.
Libéral et européen, Koenig aurait pu s’abandonner au confort intellectuel 2020. La préparation de ce voyage l’a déjà changé. À Rome, en novembre prochain, on pourrait bien découvrir un autre homme. Koenig sent bien que notre société est en quête de sens. Les élections municipales en témoignent : nous vivons une crise de la démocratie. Les modérés deviennent inaudibles. En politique, le pragmatisme est tout au plus un moyen. Ce n’est jamais une fin. Voilà la limite du macronisme. Nous avons besoin d’une grande redéfinition du projet démocrate libéral. Gaspard Koenig nous y invite. Son royaume pour un cheval
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