La minute antique
PREDATOR. Tremblement de terre dans le milieu de l’art : cinq personnalités en vue, dont le patron d’une prestigieuse maison de ventes, sont soupçonnées d’avoir participé à un large trafic d’antiquités provenant d’Égypte, de Libye, du Yémen ou de Syrie. Rien de surprenant, hélas : sous Daech, le trafic d’objets archéologiques aurait représenté un tiers du financement de l’organisation islamiste, nous confiait, en 2015, l’archéologue Pascal Butterlin. Avant eux, ajoutait-il, des GI avaient été arrêtés en Irak « avec des valises pleines d’antiquités, notamment des tablettes mésopotamiennes » (Le Point n° 2218). On connaît le pillage d’oeuvres d’art depuis au moins le sinistre Verrès. Prêteur de Sicile entre 73 et 70 avant notre ère, ce salaud, dont le nom voulait dire « cochon », la vida méthodiquement de ses statues précieuses, allant jusqu’à se servir dans les temples et à supplicier ceux qui résistaient. Cicéron, avocat des Siciliens, réussit à le mettre hors d’état de nuire à leur patrimoine grâce à une plaidoirie inspirée, De signis. Elle parlera, à coup sûr, au coeur des jeunes Égyptiens et Yéménites spoliés de leur héritage
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