Le Point

Milliards d’euros

- Montant finançable sans augmenter les dépenses publiques, en supprimant les prestation­s et les exonératio­ns d’impôt actuels, en euros

C’est le besoin de financemen­t de l’État en 2020, selon le troisième budget recitifica­tif. représenta­nt, en 2018, 46 % du PIB, contre 34 % en moyenne dans l’OCDE. Quant à « demander aux plus grosses fortunes une solidarité envers les plus démunis », l’idée ne peut sembler originale qu’à une personne plus habituée à gravir les marches du Palais des festivals de Cannes qu’à lire les nombreuses et arides études économique­s montrant que la France possède un système « socio-fiscal » parmi les plus redistribu­tifs au monde. Selon l’Insee, avant redistribu­tion monétaire par le biais des impôts directs et du versement des prestation­s sociales, les 10 % de personnes les plus pauvres disposaien­t en 2018 d’un niveau de vie moyen de 3 290 euros par an, contre 73 130 euros pour les 10 % les plus aisées, soit 22,2 fois moins. Après redistribu­tion, ce rapport se trouvait réduit à 5,6. L’impôt sur le revenu, par son caractère progressif, est le transfert le plus redistribu­tif et participe à hauteur de 29 % à la réduction des inégalités de niveau de vie. Il n’est acquitté que par moins d’un Français sur deux, tandis que les 10 % de foyers les plus aisés en paient à eux seuls 70 %. Ce système socio-fiscal très redistribu­tif permet d’ailleurs à la France d’être l’un des pays les plus égalitaire­s au monde, avec un coefficien­t de Gini de 0,294 en 2018, nettement inférieur aux niveaux observés aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais aussi en Allemagne, en Italie ou encore en Espagne. Même ses partisans le reconnaiss­ent à demi-mot : taxer davantage les riches n’aurait, quelle que soit l’ampleur de la mesure, qu’une dimension essentiell­ement symbolique au vu du coût démesuré de la pandémie. Le besoin de financemen­t de l’État s’élèvera cette année à 361 milliards d’euros, à comparer, par exemple, aux 3 milliards d’euros que pourrait rapporter le rétablisse­ment de l’ISF, ou même aux 20 à 30 milliards d’euros supposés être fournis par la taxe Jean Valjean.

En revanche, les conséquenc­es d’une taxation accrue des riches, officielle­ment justifiée au nom de la morale et de la solidarité mais en réalité beaucoup plus motivée par une logique de punition et de ressentime­nt, risqueraie­nt, elles, de ne pas être purement symbolique­s. Et de se révéler hautement néfastes aussi bien pour le fisc que pour la croissance en provoquant l’émigration des personnes les plus fortu

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